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Indopacifique : un enjeu stratégique majeur pour la France et l’Union européenne, selon une note de l’Ifri

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citée par

  Eline Ulysse
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L’universitaire Céline Pajon, spécialiste du Japon et de l’Indopacifique au Centre Asie de l’Institut français des relations internationales (IFRI), vient de publier une étude sur les enjeux stratégiques existant entre l’Europe et le Pacifique insulaire. Après avoir réalisé le bilan des relations entre ces deux zones, elle formule une série de recommandations à l’attention des décideurs européens.

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Intitulée « Deux nuances de bleu : l’Europe et le Pacifique insulaire, des partenaires stratégiques à l’heure de l’Indo-Pacifique » (Briefings de l’IFRI, 21 avril 2022), la note de Céline Pajon examine les problématiques régionales en Océanie, en soulignant qu’en Europe la connaissance de ces territoires demeure encore limitée. La zone indopacifique couvre pourtant 22 États et territoires membres de la Communauté du Pacifique, disposent d’une zone économique exclusive (ZEE) de près de 40 millions de km2 et sont placés stratégiquement aux portes de l’Asie orientale.

« L’Océanie est aujourd’hui aux avant-postes de défis existentiels pour le monde : changement climatique, protection de la biodiversité et développement durable, mais aussi rivalités géostratégiques », écrit l’universitaire. L’espace océanien est en effet riche en ressources énergétiques et minérales, notamment dans les fonds marins, et la Nouvelle-Calédonie est le troisième producteur mondial de nickel. Ces potentialités attirent nombre de convoitises, en particulier celles de la Chine (mais aussi des États-Unis, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Japon), dont l’influence est grandissante dans la région, avec des offres de financements et de coopération toujours plus séduisantes.

L’autrice constate également que l’Union européenne (UE) et l’Océanie (qui abrite 40% des massifs coralliens du monde) se mobilisent souvent de concert dans les instances multilatérales pour la gouvernance des océans, la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de la biodiversité. « Il faut rappeler que l’UE est présente dans la zone, via ses pays et territoires d’Outre-mer (PTOM) – la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et Wallis et Futuna – sous souveraineté française et associés à l’Union. Ces Outre-mer, qui permettent à la France de disposer du deuxième domaine maritime mondial, sont dotés d’une politique de voisinage autonome », rappelle Céline Pajon.

L’universitaire relève que « le regain d’intérêt européen pour l’Océanie est relativement récent et accompagne la mise en place de stratégies indopacifiques ». En ce qui concerne la France, cette dernière n’a adopté sa stratégie qu’en 2018, incluant un volet Pacifique qui couvre notamment ses territoires. Côté sécurité, 4000 soldats y sont postés pour surveiller et défendre ses intérêts de souveraineté. Du point de vue économique, le mandat de l’Agence française de développement (AFD) en Océanie a été récemment élargi pour financer la protection de la biodiversité et l’adaptation (2018), ainsi que les mesures d’atténuation (2021) au réchauffement climatique.

Estimant qu’il existe une similitude de valeurs entre Européens et Océaniens, Céline Pajon exhorte à un engagement plus important de l’Europe dans la zone indopacifique et propose une série de recommandations. « Face à l’influence grandissante de la Chine, une présence diplomatique européenne renforcée dans la région serait utile, en particulier dans le Pacifique Nord », dit-elle. « Il convient de favoriser l’intégration régionale des PTOM. Ces derniers pourraient notamment être des postes avancés de la politique de développement européenne dans la zone grâce à leurs structures de recherche et d’ingénierie qui pourraient être mobilisés dans ce sens », ajoute l’universitaire.

Elle appelle également les Européens à associer au maximum les îles du Pacifique à la formulation et à la mise en œuvre de leur approche indopacifique, notamment par un dialogue politique direct et intensif. À cet égard, « les Européens pourraient mieux investir les organisations régionales océaniennes en les utilisant comme plateforme de mutualisation de contact et de coopération, et de facilitation des politiques d’engagement grâce à leur connaissance des contextes sociétaux locaux ». Par ailleurs, Céline Pajon estime que le secteur privé européen doit accroître sa présence dans l’Océanie, qui dispose d’un potentiel encore peu exploité, et souhaite que les institutions de l’UE accompagnent leurs investissements.

 

Retrouvez la note de Céline Pajon ici

 

> Article paru sur Outremers360

 

 

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Céline PAJON

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Chercheuse, responsable de la recherche Japon et Indo-Pacifique, Centre Asie de l'Ifri

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