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La chasse aux « volontaires », enjeu prioritaire de l’armée russe pour tenir en Ukraine

Interventions médiatiques |

cité par Emmanuel Grynszpan et Elise Vincent pour

  Le Monde
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Moscou ne lésine pas sur la paie et les avantages promis aux engagés et se tourne également vers les sociétés privées de mercenaires, comme Wagner.

Contenu intervention médiatique

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Comme dans beaucoup d’armées du monde, en Russie, le recrutement est un problème ancien. Mais le sujet s’est aggravé ces dix dernières années sous l’effet d’une tentative non aboutie de réduction du format de l’armée russe. 

« Dans les années 1990-2000, lors des guerres de Tchétchénie, le manque d’hommes est allé jusqu’au recrutement forcé et des formes de raids, rappelle Dimitri Minic, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI). Cette fois, la méthode est différente, le gros de l’effort consiste à tenter de former des bataillons de volontaires. »

Pour cette nouvelle vague de mobilisation, Moscou a deux principaux leviers : soit la voie classique de la souscription de contrat dans l’armée, soit les sociétés privées de mercenaires, comme Wagner. Pour la voie ordinaire, « l’objectif est que chacun des 85 districts de la fédération de Russie mette sur pied au moins un bataillon de volontaires [BTG, selon la terminologie militaire russe], soit 400 hommes », détaille M. Minic de l’IFRI. Système qui permettrait à Moscou de gagner jusqu’à 35 000 nouvelles recrues, selon les analystes, et ainsi combler les pertes. Soit 3 800 morts selon Moscou, autour de 15 000 selon les dernières estimations des services occidentaux et 39 000 d’après l’armée ukrainienne – sans compter les blessés.

Pressions sur les conscrits pour qu’ils signent

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Le Kremlin a par ailleurs placé une partie de la responsabilité de ce recrutement sur les épaules des autorités civiles : en l’occurrence les gouverneurs régionaux. Nommés par M. Poutine, ces derniers savent que leur carrière peut en dépendre. Les médias de plusieurs régions (Koursk, Primorié, Perm, Tioumen, Nijni Novgorod et Orenbourg, républiques du Bachkortostan, de Tchouvachie, de Tchétchénie, du Tatarstan, et la ville de Moscou) ont ainsi abondamment couvert, en juillet, l’envoi de bataillons en Ukraine. L’équivalent de huit à neuf BTG aurait été constitué. Les nouveaux volontaires sont censés recevoir un entraînement d’un mois avant d’être envoyés au front, mais, dans les faits, cela ne se vérifie pas toujours.

Le président tchétchène Ramzan Kadyrov a poussé le zèle jusqu’à aligner quatre BTG. Mais les Tchétchènes se voient assigner des fonctions de police à l’arrière davantage que des missions sur le front. 

« De manière générale, les nouvelles recrues n’ont pas du tout les mêmes qualités au combat que les soldats déployés au début de la guerre, qui étaient tous des professionnels, même s’il y a eu un certain nombre de conscrits envoyés dans des conditions qui font encore débat », détaille M. Minic.

Salaires faramineux

Pour appâter ces volontaires, le Kremlin a recours à un très fort encouragement financier. D’après un document intitulé « Guide social pour les membres de l’opération spéciale » et attribué au département politico-militaire des forces armées de Russie, publié le 19 juillet par un site de militants russes – Perm36,6 –, les salaires proposés sont de trois à quatre fois supérieurs à ceux des contractuels au début de la guerre : soit de 3 500 euros à 9 000 euros par mois. Des montants faramineux, bien au-delà de la paie d’un cadre intermédiaire du privé à Moscou, ville où les revenus sont les plus élevés de Russie. Dans la plupart des régions périphériques, le salaire moyen oscille entre 200 et 400 dollars.

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A en croire ce même document, les indemnités pour les familles en cas de décès ou de blessure sont avantageuses. Ces volontaires sont notamment assimilables au régime des vétérans mis à jour dans une loi votée le 26 mars, qui mêle toute une série d’aides, notamment au logement ou à la santé, avec en parallèle une retraite majorée de « 32 % ». Les enfants ne sont pas oubliés. En cas de décès ou d’invalidité, l’armée russe fait notamment miroiter des quotas de 10 % réservés pour leurs études à l’université, avec ou sans réussite aux examens. Pour les familles, les primes cumulables atteignent, elles, la valeur d’un appartement en province.

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 > L'article en intégralité sur Le Monde (article réservé aux abonnés). 
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Dimitri MINIC

Dimitri MINIC

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Chercheur, Centre Russie/Eurasie de l’Ifri