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La Chine à la conquête de Mars

Interventions médiatiques |

cité par Franck Daninos dans Sciences et Avenir

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La sonde chinoise Tianwen-1, en orbite autour de la planète Rouge, devrait larguer entre mai et juin un atterrisseur et un rover. Une mission audacieuse sur le plan technologique et politiquement ambitieuse que seuls les États-Unis sont parvenus à accomplir jusqu’à présent.

Contenu intervention médiatique

La Chine a donc réussi son pari. Du moins la première étape. Le 10 février, elle est parvenue à satelliser la sonde Tianwen-1 autour de Mars, quelques heures après l'orbiteur émirati Al-Amal et huit jours avant l’atterrissage du rover Perseverance de la Nasa — les trois missions ayant profité de la même fenêtre de tir qui s'était ouverte en juillet 2020 (lire S. et A. n° 889). Le géant asiatique devient ainsi le sixième pays à rallier la planète Rouge après les Etats-Unis, la Russie (alors l'URSS), l’Europe, l'Inde et donc tout récemment les Émirats arabes unis (avec néanmoins l'aide décisive des Américains). Mais Pékin ne compte pas s'arrêter là. Elle vise des objectifs encore plus ambitieux pour sa première échappée au-delà de la Lune dans l’espace profond.

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Si la Chine a lancé son premier satellite artificiel en 1970, elle n’a rejoint le club des puissances spatiales que relativement récemment L’envol du premier « taïkonaute » — en 2003 — en a constitué l'acte inaugural, Yang Liwei effectuant alors 14 révolutions autour de la Terre à bord d’un vaisseau Shenzhou.

« La Chine devenait la troisième nation à réaliser un vol habité dans l’es pace, quoique quatre décennies après les Russes et les Américains », tempère Marc Julienne, chercheur à l'Institut français des relations internationales.

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Davantage de lancements spatiaux que les États-Unis

« Le développement des sciences et des technologies est au cœur de cette stratégie de puissance et de modernité, relève Marc Julienne. Et à côté des grandes priorités que sont l'intelligence artificielle, la physique quantique ou laffision nucléaire, le spatial occupe une place de premier plan. »

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Le pays avait certes timidement coopéré, en 2011, à une mission russe visant à explorer Phobos, la plus grosse lune martienne, ainsi que l’environnement de la planète Rouge. Pékin avait fourni un microsatellite de 110 kg. Mais le vaisseau n’a jamais réussi à quitter l’orbite de la Terre, s’abîmant finalement dans le Pacifique. Un événement « traumatisant » allait en outre se produire deux années plus tard lorsque l’Inde a lancé et satellisé la sonde Mangalyaan autour de Mars. «Elle devenait le premier pays asiatique à atteindre cet objectif, ce qui a été vécu comme une humiliation par la Chine », indique Marc Julienne.

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Pour rallier la planète Rouge, l’empire du Milieu a donc souhaité non seulement le faire par ses propres moyens (et attendre de disposer d’un lanceur lourd de type Longue Marche 5) mais faire aussi une démonstration de force. «La Chine ne pouvait se contenter d’une petite mission », analyse Isabelle Sourbès-Verger. Approuvé en 2016 par le gouvernement, le projet comprend un orbiteur de plus de trois tonnes, un atterrisseur ainsi qu’un astromobile de 240 kg. Le tout muni de 13 instruments : radar à pénétration de sol, magnétomètre, spectromètre infrarouge, etc. « De quoi permettre à la Chine de rattraper son retard et même sur passer des puissances régionales comme l'Inde et le Japon », souligne Marc Julienne.

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Marc JULIENNE

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Directeur du Centre Asie de l'Ifri