À la Maison-Blanche, un tumulte permanent depuis l'arrivée de Trump
En quatorze mois, il a viré pratiquement tout le monde ! » , constate Nicholas Dungan, chercheur à l'Atlantic Council. Avant le limogeage de Rex Tillerson, les récentes démissions de Hope Hicks, directrice de la communication, et de Gary Cohn, son conseiller économique, en désaccord sur l'acier, ont fait grimper le nombre de proches conseillers qui ont dû quitter la Maison-Blanche.
Au moins 24 départs (jusqu'à 35 selon CNN), dont deux ministres et deux conseillers du président. Parmi eux, Reince Priebus, ancien chef de cabinet, l'ex-porte-parole Sean Spicer, Michael Flynn, conseiller à la sécurité nationale ou encore le populiste Steve Bannon. Mardi, l'assistant personnel du président, John McEntee, a été escorté hors de la Maison-Blanche, faute d'avoir l'habilitation de sécurité nécessaire.
Selon la Brookings Institution, le nombre total de départs sur sa première année de mandat serait trois fois supérieur à celui sous l'administration Obama et le double de celui de l'administration Reagan. Des départs qui reflètent le chaos ambiant, mais aussi « la lutte entre factions rivales, comme Gary Cohn qui a perdu contre Peter Navarro, lequel va poursuivre sur la voie du protectionnisme », note Laurence Nardon, chercheuse à l'Ifri.
Pas d'effet modérateur
Le président consolide son pouvoir personnel. « Personne n'ose le contredire, il faut s'attendre à ce que Trump fasse encore plus de Trump » , estime Nicholas Dungan. Avec l'appui de quelques fidèles : l'agitateur populiste Stephen Miller, obsédé par la lutte contre l'immigration, ou encore Peter Navarro, le conseiller économique ennemi du libre-échange et artisan de la campagne pour taxer les importations d'acier. « Le départ de Steve Bannon n'a pas eu d'effet modérateur. Trump poursuit une politique qui alterne entre le populisme de gauche, avec la protection de la classe moyenne et la fermeture des frontières, et le populisme de droite, avec la lutte contre les étrangers » , observe Laurence Nardon.
Au-delà du socle des généraux (son chef de cabinet, John Kelly, Jim Mattis à la Défense et H.R. McMaster à la Sécurité nationale), subsiste la famille (son gendre, Jared Kushner), quelques septuagénaires, comme Jeff Sessions à la Justice - qu'on dit menacé - ou Wilbur Ross au Commerce. L'ancien banquier Steven Mnuchin au Trésor - insipide et sans saveur - devrait bientôt affronter un nouveau conseiller économique en la personne de Larry Kudlow, ancien banquier et chroniqueur réactionnaire sur CNBC.
Un « State Department » exsangue
Alors que des dossiers brûlants attendent son nouveau State Secretary, Trump a, cette fois, choisi quelqu'un avec qui il a de meilleures relations. Les bons connaisseurs estiment que Mike Pompeo, qui fait partie des faucons, sait se faire entendre du président, sans être condescendant ni le pousser trop loin. Une fois confirmé par le Sénat, il pourrait faire un bon tandem avec Nikki Haley, l'ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies. Mais il lui faudra d'abord reconstruire un State Department aujourd'hui vidé de sa substance et au moral au plus bas, sans crédits et... presque sans diplomates, tant l'hémorragie a été conséquente.
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