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"La relation transatlantique est menacée"

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interviewé par François Clémenceau, pour Le JDD

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Quel avenir pour la relation transatlantique depuis l'arrivée de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis ? Thomas Gomart, directeur de l'Ifri, répond aux questions de François Clémenceau, rédacteur en chef au JDD.

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En quoi la visite cette semaine en Europe de trois poids lourds du gouvernement Trump est-elle importante ?

Elle est cruciale parce que nous affrontons une situation inédite et dangereuse. Une imprévisibilité systémique s'est installée à Washington qui pose des questions récurrentes sur la fiabilité de Donald Trump. Cela signifie que la relation transatlantique est menacée et que les Européens doivent urgemment reprendre le contrôle de cette alliance.

Le vice-président Mike Pence, le général Mattis et le secrétaire d'État Rex Tillerson sont pourtant présentés comme des modérateurs.

La question n'est pas de savoir s'ils sont fréquentables, car de toute façon nous n'avons pas d'autre choix que de leur parler. Oui, ils sont rassurants et on peut les considérer comme des éléments de stabilisation, mais le problème est à la Maison-Blanche. Or s'ils sont obligés de rectifier en permanence les positions de Donald Trump, ça en dit long sur l'évolution de la nature du régime américain. Quel est le poids, par exemple, du général Mattis à la tête du Pentagone alors que le conseiller spécial de Donald Trump, Stephen Bannon, fait son entrée au Conseil de sécurité nationale ? Cette modification de l'équilibre civilo-militaire à Washington est préoccupante.

Au cours de ces réunions de l'Otan, du G20, et à la conférence de Munich sur la sécurité, quelle devrait être la ligne des Européens ?

L'arrivée de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis est un tremblement de terre. Et face à cela, les Européens sont à peine capables de produire un discours unitaire. Et certainement pas un contre-discours pour répondre point par point aux propos de Donald Trump sur l'Europe et sur l'Otan. C'est comme si l'état de sidération qui a suivi son élection se prolongeait. C'est vrai qu'on a pour l'instant uniquement affaire à une rhétorique qui vise à mettre les Européens devant leurs responsabilités, et c'est plutôt positif. Sauf que cela n'intéresse que la France et le Royaume-Uni, les deux seuls pays capables d'assurer leur propre sécurité. Tous les autres Européens, ou presque, ont renoncé à leur sécurité et comptent sur l'Otan pour les protéger. Donald Trump a-t-il raison d'affaiblir ce pôle de stabilité dans le système mondial et qui regroupe des pays partageant les mêmes valeurs démocratiques ? Je ne crois pas.

Croyez-vous qu'il soit capable de lever les sanctions prises contre la Russie ?

S'il le fait, il cassera pour de bon l'unité des Européens, qui avait été si difficile à obtenir sur ce sujet. Il accentuera le clivage entre ceux qui défendent leurs petits intérêts dans leur relation avec la Russie et ceux qui se sentent directement menacés par la Russie. Ce serait un saccage sur le plan stratégique.

Qu'est-ce que cela pourrait changer pour la France ?

La diplomatie française s'est toujours appuyée sur deux lignes de force : le P3, qui réunit la France, le Royaume-Uni et les États-Unis au sein du Conseil de sécurité à l'ONU, et le couple franco-allemand, qui est moteur dans la construction du projet européen. Avec le Brexit et l'imprévisibilité de l'administration Trump, il faut que, sur le premier pilier, la France commence à envisager des scénarios alternatifs.

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Thomas GOMART

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