La vision du monde de Lee Kuan Yew, le Kissinger de l'Asie
Le fondateur de Singapour et père de l'incroyable transformation de l'île, Lee Kuan Yew, qui s'est éteint le 23 mars dernier à 91 ans, s'était longuement entretenu avec Dominique Moïsi. Extraits.
Depuis sa disparition, il y a une semaine, les hommages se sont multipliés à l'égard de ce géant de l'histoire que fut Lee Kuan Yew. Entre 2006 et 2009, j'ai eu le privilège de rencontrer à quatre reprises le « Kissinger de l'Asie » soit à Paris, soit à Singapour. C'est à Singapour, que, en décembre 2007, j'eus un entretien de près de deux heures, en tête-à-tête (à l'exception d'un preneur de notes), avec le « ministre mentor ». Il n'était plus au pouvoir depuis longtemps, mais il était toujours la référence, l'autorité morale, et il était en pleine possession de ses facultés intellectuelles et physiques. Mince et élégant, l'ancien diplômé de Cambridge regardait ses interlocuteurs avec une intensité, qui, dans mon cas, était bienveillante, même si, convaincu de sa supériorité intellectuelle, il était exigeant avec lui-même comme avec les autres. Nous étions dans sa résidence officielle, près de celle de son fils, le Premier ministre, au sein d'un ensemble de demeures au style typiquement britannique, toutes gardées par des soldats Gurkhas, qui, par leur seule présence, conféraient au lieu un élément de rassurante continuité « impériale ».
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