Laboratoires américains en Ukraine : aux origines d’une théorie du complot
Moscou accuse Washington de mener des programmes biologiques dangereux à ses frontières. Entre traités décontextualisés, paranoïa d’Etat et guerre d’intox, parcours d’une rumeur.
Derrière l’agressivité des chars russes, la menace invisible de savants diaboliques américains ? C’est la rumeur qu’agite la Russie depuis le début de l’invasion en Ukraine : dans des laboratoires secrets répartis sur l’ancienne Rous de Kiev, les Etats-Unis développeraient des armes biologiques, au mépris de leur interdiction en 1972. « Les accusations russes sont absurdes », s’agace le Pentagone, qui y voit une manière pour Moscou de « tenter de justifier ses propres atrocités en Ukraine ».
L’idée que des centres de recherche sur les pathogènes servent à préparer une attaque contre le voisin russe relève d’une « interprétation absurde », confirme la Fondation pour la recherche scientifique, dans une étude publiée le 17 mars. Cette théorie extravagante n’est toutefois pas nouvelle. Elle est née dans le creuset de l’après-guerre froide, sur fond de reconstruction, de méfiance et de malentendus.
Seulement, cette collaboration n’est pas du goût de Moscou, pourtant également bénéficiaire des aides américaines.
Fraîchement élu, en 2000, Vladimir Poutine interprète dans ces partenariats avec des pays limitrophes « une stratégie américaine bien étudiée et savamment préparée pour isoler et en finir avec la Russie », explique Dimitri Minic, chercheur à l’Institut français des relations internationales.
Média
Partager