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Laboratoires américains en Ukraine : aux origines d’une théorie du complot

Interventions médiatiques |

cité par William Audureau pour

  Le Monde
Accroche

Moscou accuse Washington de mener des programmes biologiques dangereux à ses frontières. Entre traités décontextualisés, paranoïa d’Etat et guerre d’intox, parcours d’une rumeur.

 

 

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Derrière l’agressivité des chars russes, la menace invisible de savants diaboliques américains ? C’est la rumeur qu’agite la Russie depuis le début de l’invasion en Ukraine : dans des laboratoires secrets répartis sur l’ancienne Rous de Kiev, les Etats-Unis développeraient des armes biologiques, au mépris de leur interdiction en 1972. « Les accusations russes sont absurdes », s’agace le Pentagone, qui y voit une manière pour Moscou de « tenter de justifier ses propres atrocités en Ukraine ».

L’idée que des centres de recherche sur les pathogènes servent à préparer une attaque contre le voisin russe relève d’une « interprétation absurde », confirme la Fondation pour la recherche scientifique, dans une étude publiée le 17 mars. Cette théorie extravagante n’est toutefois pas nouvelle. Elle est née dans le creuset de l’après-guerre froide, sur fond de reconstruction, de méfiance et de malentendus.

[...]
 
Face à cette menace explosive, en 1991, les Etats-Unis adoptent alors une loi visant à démanteler les armes nucléaires, chimiques et bactériologiques en ex-URSS. Elle débouche, deux ans plus tard, sur un premier accord avec l’Ukraine. Kiev s’y engage à lutter contre la fuite de ses technologies militaires, et Washington à apporter son aide, moyennant protection diplomatique de ses ressortissants. La même année, un autre programme de coopération encourage la reconversion des anciens scientifiques soviétiques vers la recherche civile et pacifique.
 
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Mais les attentats à l’anthrax de 2001 ressuscitent les craintes. Pour protéger les souches mortelles contre tout vol, Kiev et Washington signent, en 2005, un nouveau traité. [...] En vertu de cet accord, Kiev s’engage à partager ses collections de pathogènes avec les Etats-Unis et à veiller à ce qu’elles ne soient pas utilisées à des fins militaires. 
 
[...]
 

 Seulement, cette collaboration n’est pas du goût de Moscou, pourtant également bénéficiaire des aides américaines.

 

Fraîchement élu, en 2000, Vladimir Poutine interprète dans ces partenariats avec des pays limitrophes « une stratégie américaine bien étudiée et savamment préparée pour isoler et en finir avec la Russie », explique Dimitri Minic, chercheur à l’Institut français des relations internationales.
 
 
Les premières critiques visant les laboratoires liés à Washington germent en 2009, dans la presse d’Etat russe. Tout en reconnaissant la réalité de la modernisation des infrastructures, InoSMI, un média appartenant au même groupe que RT, dénonce dans le traité Obama l’expression de « l’arrogance, la méfiance et la réticence [des Occidentaux] à reconnaître [les Slaves] comme des égaux ».
 
 
> L'article en intégralité sur Le Monde
 
 
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Dimitri MINIC

Dimitri MINIC

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Chercheur, Centre Russie/Eurasie de l’Ifri

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