L'agressivité chinoise monte à l'extérieur des frontières
La Chine vise à dominer en s'immisçant dans les institutions internationales et en attaquant le multilatéralisme pour affaiblir l'Occident. La réponse des Européens reste à définir.
Ceux qui l'ont rencontré le disent : pour Xi Jinping , l'histoire a un sens. Celui du déclin inexorable de l'Occident et de l'ascension de la Chine à la place qui lui revient légitimement, la première.
De cette vision du monde, appelé à être dominé par l'empire du Milieu, découle une conséquence logique : le bouleversement de la politique étrangère chinoise.
Un nouvel ordre international
Dès son arrivée au pouvoir, Xi a changé la ligne diplomatique de son pays : « Auparavant, elle était uniquement déterminée par les objectifs économiques intérieurs. Elle vise désormais à changer le système existant dominé par les Etats-Unis et à instaurer un nouvel ordre international qui soit plus conforme aux valeurs et aux intérêts chinois », explique Kevin Rudd, président de l'Asia Society.
En conséquence, « la diplomatie chinoise a pris un virage très agressif ces dernières années », estime Marc Julienne, chercheur à l'Institut français des relations internationales (IFRI).
D'abord, le pays s'est mis à réclamer la possession de nombreuses îles dans le sud de la mer de Chine et à militariser celles obtenues. Puis, il a développé une diplomatie économique coercitive qui consiste à sanctionner les pays qui lui sont hostiles tels que la Norvège, l'Australie ou encore la Lituanie. Et surtout, « il a cherché à infiltrer puis à diriger les institutions des Nations unies, tout en finançant de plus en plus ces institutions pour les rendre dépendantes, de façon à ce que toutes les résolutions concernant les droits de l'homme soient refusées », selon Kevin Rudd.
Des relations de dépendance plutôt que des alliances
« La Chine a constitué un groupe de pays, notamment africains qui la soutiennent », explique Philippe Le Corre, chercheur à la Harvard Kennedy School et à l'Essec. Ainsi, il y a dix jours, le Conseil des droits de l'homme, qui siège à Genève et dépend des Nations unies, a décidé de ne pas organiser de débat sur la situation des droits humains dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, en Chine. Quelque 19 pays, dont 8 Etats africains, le Qatar, le Népal ou encore la Bolivie, ont soutenu Pékin lors du vote.
« Si la Chine entend bien dominer l'Asie, elle cherche aussi à créer un réseau de pays dépendants d'elle, de son économie, via la dette que ses 'partenaires' contractent auprès d'elle, mais aussi de sa technologie dont elle espère inonder le monde », poursuit Philippe Le Corre. La taille du marché chinois fait que le pays est le centre de gravité économique de l'Asie et même de la planète.
Le Laos ou la Thaïlande dépendent de l'économie chinoise, mais aussi l'Allemagne , ce qui les pousse à adopter des orientations conformes à l'intérêt de la Chine. Le but n'est pas de créer des alliances mais des dépendances. Un « néocolonialisme soft » en quelque sorte. Le tout en tâchant de ne dépendre de personne. La Chine entend assurer son entière indépendance économique.
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