Le J-20, l'avion furtif des ambitions démesurées de la Chine
Un rare document destiné à l'armée chinoise traitant du développement des avions de cinquième génération a été traduit pour le site The Diplomat, mardi. Ce document est une étude qui posait, il y a près de 20 ans, les fondations stratégiques pour ce qui allait devenir le J-20, surnommé le "dragon majestueux" et qui est devenu le symbole, encore assez mystérieux, des nouvelles ambitions chinoises.
Aux origines du "dragon majestueux"
D'abord parce que c'est un document qui n'aurait jamais dû tomber entre les mains occidentales. Des photos de chaque page de cette étude destinée à la commission centrale militaire du Parti communiste chinois – "qui n'est pas classée secret défense", souligne The Diplomat– avaient été postées en 2016 sur quelques obscurs sites chinois, et par chance ou par erreur, sur un ou deux forums anglophones qui s'intéressent aux questions militaires chinoises. Il avait ensuite fallu encore quelques années pour que des experts de l'aviation militaire chinoise tombent dessus et décident, finalement, de le traduire.
Mais de là à intéresser au-delà d'un petit cercle de mordus des avions de combat chinois ? En fait, le J-20 serait "l'un des programmes d'avions les plus énigmatiques au monde", assure The Diplomat. C'est peut-être un peu fort. "Tous les pays essaient de garder aussi secret que possible les informations concernant les caractéristiques de leurs avions de combat", nuance Marc Julienne, responsable des activités Chine à l'Institut français des relations internationales (Ifri), contacté par France 24. Il n'empêche : "dans les pays occidentaux, il y a des autorités de contrôles [des dépenses publiques] qui permettent d'avoir un minimum d'informations. Ce n'est pas le cas en Chine où l'opacité est quasi totale", précise Justin Bronk, spécialiste des questions d'aviation de guerre en Chine et Russie pour le Royal United Services Institute (Rusi) de Londres, contacté par France 24.
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Mais "c'est un texte très intéressant d'un point de vue historique, car il permet de mieux comprendre la manière dont la Chine voyait l'évolution du contexte géopolitique et technologique à l'horizon 2020 et en quoi cet avion pouvait répondre aux défis à venir", résume Marc Julienne.
Une chose est sûre : l'ombre des États-Unis plane au-dessus de toutes les considérations du document. "L'idée fixe est de rester compétitif avec les avions américains et Washington est déjà présenté à l'époque comme la puissance qui va chercher à empêcher la Chine d'émerger sur la scène internationale", précise l'expert de l'Ifri.
Tenir tête au F-35
Le J-20 devait devenir un atout majeur dans la main de l'armée chinoise. D'abord pour pouvoir tenir tête militairement aux États-Unis. "Il faut bien comprendre le contexte. La Chine a réussi ces vingt dernières années à faire des progrès qualitatifs importants dans les domaines balistiques et maritimes. L'aviation restait un peu à la traîne", résume Marc Julienne.
En ligne de mire de l'armée populaire chinoise : le F-35 et le F-22, c'est-à-dire les avions américains de cinquième génération. "La cinquième génération correspond à un bond technologique très important, avec des avions ayant une bien plus grande maniabilité et qui sont beaucoup plus furtifs", explique Alexandre Vautravers.
Les États-Unis étaient les seuls à posséder de tels chasseurs. Le J-20, dont le premier vol a été effectué en 2011 et qui est officiellement entré en service en 2017 (sans être encore opérationnel pour le combat) permet à la Chine de réaliser l'exploit d'être le deuxième pays à entrer dans ce cercle très restreint.
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