Le Japon en médiateur inédit de la crise entre les États-Unis et l’Iran
Le premier ministre japonais, Shinzo Abe, est en Iran les 12 et 13 juin où il se pose en potentiel médiateur de la crise qui oppose Washington à Téhéran. Une situation inédite alors que le Japon est un allié solide des États-Unis.
À première vue, et pour qui ne connaît pas l’histoire des relations nippo-iranienne, l’idée peut sembler incongrue. Pourtant, le voyage en Iran du premier ministre japonais, Shinzo Abe, et sa possible médiation dans la crise qui oppose Washington à Téhéran, peut s’entendre.
Depuis le retrait unilatéral de l’administration Trump de l’accord sur le nucléaire iranien, la tension monte entre les États-Unis et l’Iran. Washington a rétabli certaines sanctions économiques, en réponse de quoi Téhéran a suspendu des engagements pris dans l’accord de 2015. C’est dans cette situation géopolitique que Shinzo Abe a décidé de se rendre en Iran, la première visite officielle nippone sur le sol perse depuis 41 ans. Il doit rencontrer le président iranien, Hassan Rouhani, mercredi et le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamanei, jeudi.
Une autonomie diplomatique au Moyen-Orient
« Il faut comprendre que le Japon est dépendant énergétiquement du Moyen-Orient, explique Céline Pajon, chercheuse au centre Asie de l’IFRI. À cause de ses besoins, il a toujours réussi à mener une politique autonome dans la région, par rapport à son allié américain. » Au moment du choc pétrolier de 1973, le Japon importait 70 % de son brut depuis l’Iran. « Pris à la gorge par cette crise, le Japon se démarque en reconnaissant tout de suite les territoires palestiniens », poursuit la chercheuse.
Même après la révolution islamique de 1979 et malgré la pression des Américains, les Japonais maintiennent une relation diplomatique avec l’Iran. Le Japon fait plusieurs prêts en yens, et des entreprises japonaises investissent en Iran, notamment sur le gisement pétrolier d’Azadegan dès l’an 2000. Depuis, ces entreprises ont dû se retirer du site. Les années de présidence de Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013) compliquent les relations : les objectifs de développement nucléaire iraniens vont à l’encontre de la position japonaise de non-prolifération. « Mais le Japon a toujours su maintenir des relations cordiales en privilégiant une approche modérée plutôt que frontale », explique Céline Pajon.
Aujourd’hui, contraint par les sanctions américaines, le pays n’importe plus que 5 % de son pétrole depuis l’Iran. Mais la sécurisation du détroit d’Ormuz reste un enjeu important, et le Japon maintien un lien de confiance avec la République islamique.[...]
L'intégralité de l'article est disponible sur le site de La Croix.
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