Le match des think tanks à l'international
Le premier think tank français, l'Institut français des relations internationales, fête ses quarante ans. Il s'est hissé au deuxième rang mondial selon le classement de l'Université de Pennsylvanie, derrière la Brookings Institution.
C'est à l'issue de la négociation du Traité de Versailles où les délégations politiques sont accompagnées pour la première fois d'experts de toutes sortes (géographes, politologues, linguistes…) que sont apparus les think tanks. Les deux premiers à voir le jour sont, aux Etats-Unis, le Council of Foreign Relations (1921) et au Royaume-Uni, Chatham House (1920). « Tout d'un coup, la dimension internationale avait pris toute son ampleur avec la Première guerre mondiale. Derrière ces structures, il y avait l'idée que pour avoir la paix, il fallait se connaître », explique l'historienne Sabine Jansen.
Depuis, l'Université de Pennsylvanie, qui publie un classement annuel , en dénombre 1.972 aux Etats-Unis -dont un quart ont leur siège à Washington- et 2.219 en Europe. Leur expansion en Asie a pris de l'ampleur depuis les années 2000. Ces organisations rassemblent des experts qui produisent des analyses, nourrissent le débat international et sont des lieux d'échange. Depuis quelques années, la crise des institutions multilatérales, les rivalités exacerbées entre grandes puissances - comme la guerre commerciale que se livrent Etats-Unis et Chine-, le phénomène des migrations, la résurgence des populismes ont donné du grain à moudre à ces institutions dont certaines cherchent à offrir de vraies solutions et alternatives aux pouvoirs publics.
En France, l'Institut français des relations internationales (Ifri), qui fête son quarantième anniversaire, a réussi à se positionner au deuxième rang mondial, derrière la Brookings Institution. C'est le plus anglo-saxon des think tanks français, notamment par sa capacité à lever des fonds et par sa proximité avec le monde des entreprises.
De grandes ambitions
Thierry de Montbrial, son fondateur, a cherché à « structurer le débat public sur les grandes questions planétaires » et à « oeuvrer dans l'intérêt général au renforcement d'un monde ouvert et pacifique ». Les publications nombreuses de ses chercheurs (les revues Ramses et Politique étrangère), la création d'une conférence internationale (la World Policy Conference) et les événements où se retrouvent des décideurs politiques et économiques de tous horizons contribuent à la notoriété et à l'influence de l'institut. « C'est un outil de rayonnement de la pensée stratégique française », décrit Thomas Gomart, actuel directeur de l'Ifri.
Une dizaine de think tanks français
Même s'il existe une dizaine de think tanks français (Iris, Ceri, Irsem, Institut Montaigne, Fondation Robert Schuman, etc.), « le dispositif français est globalement fragile », note le rapport de l'ambassadeur Yves Saint-Geours publié en 2016. Il observe leur « diversité et disparité », et surtout la faiblesse de leurs moyens par rapport à leurs concurrents étrangers.
Là où l'Ifri a un budget annuel de 6,5 millions d'euros, celui du Council of Foreign Relations est dix fois supérieur. « C'est à Londres et à Berlin que se font aujourd'hui les débats les plus importants de politique étrangère », observe-t-il, avec une mention spéciale pour Bruxelles où Bruegel et le European policy center, par exemple, profitent des relations constantes avec les institutions européennes.
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