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Le profil type des jihadistes condamnés en France

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Homme de 26 ans, peu de diplômes, issu d'un milieu défavorisé... À partir de l'analyse de 137 dossiers judiciaires de personnes condamnées en France, une étude dévoile le portrait robot des jihadistes français.

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C’est une étude inédite. En s’appuyant sur les dossiers judiciaires de 137 personnes majeures condamnées dans des affaires de jihadisme entre 2004 et 2017, Marc Hecker, directeur des publications de l’Institut français des relations internationales (Ifri), est parvenu à dresser le portrait-robot des jihadistes français, ou condamnés en France. Dans le détail, 69% des dossiers étudiés concernent des Français et 22%, des binationaux.

Dans son étude, dévoilée par France info, Marc Hecker indique que les jihadistes sont majoritairement des hommes (131 recensés contre six femmes) âgés en moyenne de 26 ans au moment de la mise en examen. Aussi proviennent-ils dans 90% des cas de familles nombreuses disloquées et, dans 40% des cas, de quartiers défavorisés.

Près de la moitié sans diplôme

Sur les 137 cas examinés, 74% sont nés musulmans tandis que les 26% restants se sont convertis à l’islam au cours de leur vie. S’agissant de ceux pour lesquels les données scolaires ont pu être récoltées, près de la moitié (47%) n’a aucun diplôme, 24% sont titulaires du bac et 11% diplômés du supérieur. 36% sont au chômage et 22% ont un emploi précaire. Par ailleurs, plus de la moitié (57%) sont en couple.

S’agissant de leur passé judiciaire, 40% des profils étudiés ont déjà été condamnés au moins une fois pour des faits de violences, vols, escroqueries, trafic de stupéfiants ou délités routiers. Parmi les 60% restants, 12 avaient déjà fait l’objet d’un signalement aux services de police.

"Effet de groupe"

Selon l’étude, "contrairement à ce que l’on entend souvent, la radicalisation davantage du cheminement relativement long – entre plusieurs mois et quelques années– que du basculement instantané". Le processus a ainsi duré plusieurs années dans 30% des cas. En outre, Internet seul ne suffirait pas à la radicalisation, les individus étant le plus souvent motivés par un "effet de groupe".

"Dans les jugements que nous avons étudiés, nombre de prévenus ou d’accusés se connaissaient de longue date. Certains étaient dans la même classe au collège ou jouaient au football dans le même club", souligne l’étude.

Les catégories de mineurs radicalisés

Une seconde étude, commandée cette fois par les services de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) à l’Institut des sciences sociales du politique à l’université de Nanterre, s’est penchée sur le cas de 133 jeunes poursuivis pour des affaires de terrorisme ou signalés pour radicalisation.

Selon les résultats de cette nouvelle étude dévoilés dans Le Figaro, il faut distinguer plusieurs catégories de radicalité. La première est celle dite des "utopiques", qui ne compte que peu de convertis. Il s’agit des mineurs radicalisés les plus violents et, paradoxalement, qui sont les mieux insérés socialement et les plus scolarisés. "Le taux de scolarisation des mineurs au moment des faits oscille autour de 70 %, contre 50 % pour les autres catégories", note le quotidien. Seuls 10% d’entre eux ont déjà eu affaire à la justice pénale ou à la police avant leur signalement.

Autre particularité, si leur radicalisation s’opère sur Internet, elle se fait tout autant par les rencontres physiques. Le groupe dans lequel vit le jeune individu lui "permet de se façonner", explique l’étude, avant de poursuivre:

"La communauté faiblement structurée et aux limites mouvantes qu'ils intègrent détermine tant les passages à l'acte violents et spectaculaires, comme l'attaque de Saint-Étienne-du-Rouvray, que les désengagements".

Les "agonistiques"

La deuxième catégorique regroupe de son côté les "agonistiques" qui s’inscrivent plus fermement dans le monde des bandes et de la délinquance", souligne l’étude. Issus d’un milieu social difficile, ils tentent de s’en sortir en se forgeant une réputation. "La conversion ou l’intensification de la pratique religieuse constitue une voie de sortie possible", notent les auteurs de l’étude.

Des terroristes comme Amedy Coulibaly ou Mohammed Merah composaient cette catégorie de jeunes jihadistes du temps à "épuiser toutes les options" de la délinquance, selon l’étude. Pour ces derniers, "l’usure de la rue couplée au sens pratique acquis pour y maintenir sa place constituent sans doute des éléments déterminants pour comprendre comment ce type de trajectoire peut ensuite s’orienter vers des registres de radicalité violente".

La dernière catégorie présentée est celle de la radicalité "apaisante" ou "rebelle". Elle est plus individuelle que les deux autres et se traduit dans le premier cas par "la mise en ordre de désordres familiaux" par "des règles de conduite strictes", "une représentation du monde expliquant la souffrance". Elle renferme notamment les cas d’apologies du terrorisme. Enfin, la radicalité "rebelle" inclut "des formes d’opposition frontale et individuelle aux parents".

Lire l'article sur BFMTV ici.

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Marc HECKER

Marc HECKER

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Directeur adjoint de l'Ifri, rédacteur en chef de Politique étrangère et chercheur au Centre des études de sécurité de l'Ifri