Le symbole franco-allemand
Le franco-allemand est-il toujours le moteur européen ? Peut-il contribuer à bâtir la nouvelle souveraineté européenne souhaitée par Emmanuel Macron ? Le couple Emmanel Macron/Olaf Scholz est-il aussi solide que les précédents ?
Décryptage par Marie Krpata, chercheuse au Comité d'études des relations franco-allemandes de l'Ifri aux côtés d’Antoine Duprat, professeur associé à la Sorbonne Paris IV et François Beaudonnet, journaliste à France Télévisions à l'occasion de la Journée de l'Europe et de la visite d'Emmanuel Macron en Allemagne.
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« Il y a un revirement de la politique allemande au cours des derniers mois. On parle d’une « Zeitenwende » donc d’un changement d’époque puisqu’Olaf Scholz a tenu un discours devant le parlement, le Bundestag, le 27 février dernier. La guerre en Ukraine remet en question un certain nombre de fondamentaux de la politique allemande en matière de politique énergétique. On est en pleine transition énergétique en Allemagne en même temps il y a une dépendance par rapport au gaz. Il y a la question du militaire aussi puisqu’Olaf Scholz a décidé que 2% du PIB allemand seraient dépensés dans la défense, qu’il y aurait un fonds de 100 milliards d’euros qui serait destiné à la modernisation de l’armée allemande. Et puis un tabou a également été rompu, celui de livrer des armes dans une zone de guerre, en l’occurrence l’Ukraine.", Marie Krpata
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« C’est aussi une crise du multilatéralisme, c’est le retour à la Realpolitik, une politique des grandes puissances. La politique étrangère de l’Allemagne est basée sur un ordre mondial basé sur les règles et le droit international. Cette guerre chamboule beaucoup de choses. Il y avait également un lien important entre la Russie et l’Allemagne depuis longtemps. Cela date de la Ostpolitik et de Willy Brandt dans les années 1970. Cela a été perpétué par les différents chanceliers par la suite. », Marie Krpata
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« Il y a un soulagement côté allemand qu’Emmanuel Macron ait gagné les élections présidentielles. Cette question de l’autonomie stratégique est partagée par l’Allemagne puisque la « souveraineté stratégique » est maintenant inscrite dans le contrat de coalition. Emmanuel Macron a parlé de la politique industrielle. C’est un pan de la coopération franco-allemande qui va être très important. Il y a la question de la sécurité qui va se poser avec l’UE qui a décidé d’une Boussole stratégique en mars dernier pour définir les menaces auxquelles fait face l’UE, pour essayer de définir des capacités pour contrer ces menaces. Ça va être un aspect important. Olaf Scholz a mentionné l’Otan. Le concept stratégique va être présenté en juin au sommet de l’Otan à Madrid. La question qui va se poser est quelle est la place de l’Europe de la défense dans l’Otan puisqu’on a vu qu’avec la guerre en Ukraine les liens entre Etats-Unis et Europe se sont resoudés. On se souvient de Donald Trump où ces relations étaient plus compliquées. Il avait parlé d’une Otan « obsolète », Emmanuel Macron, lui, avait parlé d’une Otan « à l’état de mort cérébrale ». Le troisième point qui me semble important dans la conférence de presse c’est l’élargissement avec l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie qui ont déposé leur candidature et il ne faut pas pour autant que les pays des Balkans occidentaux soient déçus. », Marie Krpata
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