Le Traité de Rome, vu de l’Allemagne fédérale
Ces traités ont pour l’Allemagne une triple signification. Ils traduisent tout d’abord, douze ans seulement après la fin de la guerre, l’achèvement de l’intégration à l’ouest de l’Allemagne. La CEE (Communauté économique européenne) sera avec l’Otan, à laquelle la République fédérale allemande (RFA) a adhéré en 1955, l’ossature de sa politique étrangère. L’occidentalisation politique, économique et culturelle permettra de tirer un trait sur un siècle d’histoire allemande tragique et tourmentée, de transformer les anciens ennemis en amis et partenaires.
Au-delà de leur importance pour la paix entre Européens de l’Ouest, ces Traités de Rome ont ouvert la voie à la réconciliation entre la jeune République fédérale et ses voisins à l’Ouest, et tout particulièrement entre la France et l’Allemagne. Sans la naissance de la CEE en 1957-1958, le Traité de l’Élysée de 1963, scellant l’amitié franco-allemande, aurait été inconcevable.
La clé de l’entente franco-allemande
On a dit par la suite que le couple franco-allemand était le moteur de l’Europe. Mais en réalité, c’est l’Europe communautaire qui en a été le moteur. Sans l’Europe, l’entente franco-allemande n’aurait plus de raison d’être – ce que ne comprennent pas ceux qui veulent faire sortir la France de l’Europe.
Enfin, la Communauté européenne étant un ensemble complexe, hétérogène et aux intérêts souvent divers, l’Europe conçue par les Traités de Rome a permis de gommer ces différences, dans la mesure du possible, par l’introduction d’une culture de consensus et des pratiques de coopération supranationale et multilatérale.
Car les différences, bien que canalisées, subsistent. La fin de la construction européenne verrait leur retour au grand jour, sans cette « zone de tampon » que représente Bruxelles. L’Allemagne retrouverait alors sa position géopolitique instable de jadis. D’où son attachement à l’Europe.
Tribunes recueillies en partenariat avec le Collège des Bernardins et My house of European History.
Hans STARK, Secrétaire géneral du Comité d'études des Relations franco-allemandes (Cerfa) à Ifri et professeur de civilisation allemande à Paris-Sorbonne.
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