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L’économie de la Birmanie risque de se retrouver à genoux, la Chine en embuscade

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citée par l'AFP dans

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Fragilisée par la crise du Covid-19, l'économie de la Birmanie risque de souffrir du coup d'Etat. Et le pays pourrait bien basculer dans le giron de la Chine...

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La Birmanie va-t-elle bientôt se retrouver sous la coupe de la Chine, alors que l'économie souffre déjà de la crise du Covid-19 et affronte des turbulences suite au coup d'Etat ? Avec cet événement et la mise en détention de Aung San Suu Kyi, les militaires ont mis brutalement fin à la transition démocratique en Birmanie, en instaurant l'état d'urgence.

Ils ont organisé ce coup par ambition politique mais "ils avaient aussi peur de perdre à terme la main sur leurs puissants intérêts économiques", relève à l'AFP Françoise Nicolas, directrice Asie de l'Institut français des relations internationales.

Outre son implication dans les mines de jade ou de rubis, l'armée profite des dividendes engrangés par ses puissants conglomérats qui ont des intérêts dans l'immobilier, le tourisme, le secteur bancaire... Le maintien au pouvoir d'Aung San Suu Kyi aurait pu rebattre certaines cartes. Quid des investissements occidentaux ? La Birmanie, paria à l'international pendant des décennies de junte, était redevenue fréquentable sous le gouvernement de la prix Nobel de la paix. Certes, la crise des musulmans rohingyas, qui ont fui en 2017 par centaines de milliers les exactions de l'armée pour se réfugier au Bangladesh, avait considérablement écorné l'image du pays et refroidi les investisseurs occidentaux.

Mais le putsch devrait accélérer la tendance. Beaucoup d'entreprises occidentales "vont se dire qu'elles ne peuvent pas rester", estime David Mathieson, analyste indépendant, basé en Birmanie. D'autant que les Etats-Unis et l'Union européenne ont menacé d'introduire de nouvelles sanctions, ce qui risque de mettre à mal le secteur textile jusqu'ici en plein essor depuis la venue du suédois H&M, de l'américain GAP ou de l'allemand Adidas.

Pendant ce temps-là, Pékin va continuer à avancer ses pions.

"Le déséquilibre déjà important entre Occident et Chine va s'accentuer", relève Françoise Nicolas.

Le géant asiatique, qui partage une frontière de 2.000 kilomètres avec la Birmanie, s'est bien gardé de critiquer le passage en force des militaires, se présentant en "voisin amical" et appelant simplement les parties "à résoudre leurs différends". Construction d’une zone économique spéciale avec un port en eau profonde, projets de centrales électriques, de lignes ferroviaires: la Chine pousse de nombreux projets d'infrastructures dans le pays dans le cadre de son plan des "nouvelles routes de la soie", rebaptisé "Initiative route et ceinture".

Au printemps dernier, les autorités chinoises ont d'ailleurs alloué à leur partenaire birman une enveloppe de 5,5 milliards d’euros pour financer ces projets. L'un des grands objectifs de Pékin est de créer un couloir économique, le "China Myanmar Economic Corridor", et d'avoir un accès direct à l'océan indien. Bois, jade, gaz naturel: La Birmanie est aussi une source importante de ressources naturelles pour le géant asiatique. "Pékin n’a guère intérêt à ce que le chaos s’installe chez son voisin", note Olivier Guillard, directeur de l’information chez Crisis24, spécialisée dans les questions de sécurité internationale.

Que va décider le Japon? L'archipel, troisième partenaire économique de la Birmanie, a beaucoup d'intérêts en jeu. Il poursuit notamment la construction d'une importante zone économique spéciale au sud de Rangoun. Mais Tokyo a été l'un des premiers à reconnaître les résultats des législatives de novembre, un scrutin remportée par le parti de Suu Kyi et dont la régularité est remise en cause par l'armée birmane. L'entreprise nipponne Suzuki Motor va quant à elle rouvrir ses deux usines en Birmanie dès jeudi. "Nous surveillons quand même de près la situation", a fait savoir un porte-parole de la société qui produisait en 2019 quelque 13.000 véhicules, principalement à destination du marché intérieur birman.

En attendant, le passage en force des généraux pourraient mettre l'économie à genoux.

"Cela va faire considérablement régresser la Birmanie qui sortait enfin la tête de l'eau, les remèdes économiques mis en place par Aung San Suu Kyi commençant à porter leurs fruits", souligne Françoise Nicolas.

De 2015 à 2017, la pauvreté a reculé de 48% à moins de 25%.

Elle devrait repartir à la hausse d'autant que le pays est déjà frappé par le coronavirus. Le Fonds monétaire international, qui a récemment débloqué une aide d'urgence de de 350 millions de dollars pour aider Rangoun à lutter contre la pandémie, s'est dit "vivement préoccupé" de l'impact du coup d'Etat sur la fragile économie.

 

Retrouver l'article sur le site de Capital.

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Françoise NICOLAS

Françoise NICOLAS

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Conseillère au Centre Asie de l'Ifri