Les Russes fuient vers le Kazakhstan, le président Tokaïev sur un fil face à la Russie
Plus de 200 000 citoyens russes sont entrés au Kazakhstan depuis le 21 février, et 50 000 y sont restés. Le président Kassym-Jomart Tokaïev tente de prendre ses distances avec le Kremlin sur le dossier ukrainien. Mais sa marge de manœuvre semble limitée, explique Michaël Levystone, spécialiste de l’Asie centrale.
Michaël Levystone est chercheur associé au Centre Russie/Nouveaux États indépendants (NEI) de l’Institut français des relations internationales (Ifri). Il a notamment publié en septembre 2022 un rapport très complet intitulé « Le Kazakhstan à l’épreuve des crises. Des émeutes de janvier 2022 à la guerre en Ukraine ».
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« Les flux migratoires actuels s’ajoutent à de précédents flux qui obéissaient à des impératifs économiques (fuir les sanctions occidentales ciblant Moscou). Les nouveaux immigrés se surajoutent à des vagues qui ont vu affluer vers le Kazakhstan des cadres bien formés – parfois même des employés (non russes) d’entreprises occidentales ayant choisi de quitter le marché russe. »
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« Cette immigration met, dans une certaine mesure, les Kazakhstanais en concurrence pour l’accès à l’emploi et risque de faire grimper le prix de l’immobilier dans les grands centres urbains du pays. La situation est dangereuse, et le gouvernement kazakhstanais n’a pas intérêt, à mon sens, à héberger durablement tous les réfugiés russes, que cela soit pour préserver la stabilité intérieure du pays, mais aussi pour éviter de passer pour un refuge de déserteurs aux yeux de la Russie. »
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« D’ailleurs, un projet de loi est à l’étude à Astana, en vue de resserrer les conditions pour l’obtention d’un titre de séjour, de courte ou plus longue durée. »
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Vu de Russie, le sentiment est donc que Tokaïev fait preuve d’ingratitude en ne soutenant pas l’« opération militaire spéciale. »
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> Retrouvez l'interview en intégralité sur Mediapart.
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