Lutte contre le changement climatique : Si l’UE veut tenir ses engagements, l’effort devra porter sur les transports
Un effort « massif » dans le domaine des transports, et la nécessité de « resserrer la vis » aux industries polluantes : voilà selon Carole Mathieu, chercheuse à l’Institut français des relations internationales (Ifri), deux clés pour atteindre l’objectif de réduction des émissions de CO2 tout juste fixé par l’UE.
Les Européens ont donné leur feu vert à une baisse nette de leurs émissions d'« au moins 55 % » d’ici à 2030 par rapport au niveau de 1990, afin d’atteindre en 2050 la neutralité carbone.
« Jusqu’ici il y a eu une concentration des efforts sur la décarbonation du secteur électrique » pour promouvoir les énergies vertes, rappelle la chercheuse, pour qui ce chantier est « bien engagé ». Elle souligne néanmoins que l’objectif fixé par l’UE « ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de centrales au charbon » en 2030, mais « qu’il faut une décrue très nette ». Les 27 ont en effet pris soin dans leur accord, annoncé après un sommet marathon, de préciser que chaque Etat gardait le droit de choisir son « mix énergétique », c’est-à-dire comment il produit son électricité.
La décennie à venir sera celle des transports
« Si la décennie passée a été celle des efforts dans le domaine énergétique, pour celle qui s’ouvre, c’est vraiment les transports qui seront la clé », et d’abord « les voitures et les camions », estime Carole Mathieu. Autre chantier essentiel selon l’experte : remettre sur le devant de la scène le principe du « pollueur-payeur », en réformant le marché du carbone, sur lequel les entreprises achètent des quotas couvrant leurs émissions. « Jusqu’ici il y a des allocations gratuites (de ces « permis de polluer », NDLR) pour certains industriels », entre autres pour éviter les délocalisations. « Il va falloir les revoir », juge-t-elle, pour que le système devienne réellement dissuasif.
Mais sans briser la « compétitivité », explique Carole Mathieu. « Si les industriels vont polluer ailleurs qu’en Europe, sur le plan du climat c’est inefficace, par ailleurs cela crée d’importants risques sociaux et aussi d’acceptabilité politique » des réformes environnementales. Et d’évoquer certaines pistes, comme par exemple « équiper chaque cimenterie », une activité particulièrement polluante, d’un « système de capture et stockage du carbone », une technologie toutefois encore balbutiante, avec des subventions si besoin est.
Reste, selon Carole Mathieu, un autre grand chantier, celui de l’agriculture. « C’est un secteur qui n’était pas du tout incité (jusqu’ici) à réduire ses émissions », estime-t-elle. La chercheuse imagine par exemple des efforts accrus autour de la préservation des forêts et autres « puits » naturels de carbone. Quant à ce qui concerne la manière de s’alimenter, de voyager, de consommer des Européens, « cela implique aussi des choix de société, des questionnements sur le modèle de croissance qui ne se règlent pas pendant un Conseil européen. »
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