Malgré quelques points de friction, « business as usual » pour le prochain couple franco-allemand
Alors que le prochain couple franco-allemand devrait s’inscrire dans la continuité des relations entre les deux pays, de potentiels points de friction sont à prévoir.
Après 16 années passées à la tête de l’Allemagne et une collaboration étroite avec quatre présidents français différents, Angela Merkel devrait quitter la scène politique dans les semaines à venir.
Olaf Scholz, son successeur potentiel, devra prendre sa place dans le traditionnel « couple » franco-allemand.
Les experts estiment que les relations entre les deux pays resteront chaleureuses, compte tenu du fait qu’Olaf Scholz est déjà ministre des Finances en Allemagne depuis quatre ans et qu’il a travaillé en étroite collaboration avec la France, notamment sur le Fonds européen de relance économique.
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- « Il est vrai qu’en France, on parle toujours du “couple” franco-allemand, alors que, en Allemagne, on parle plutôt de relations franco-allemandes, ou de partenariat franco-allemand », explique à EURACTIV Paul Maurice, chercheur au comité d’études des relations franco-allemandes à l’Institut français des relations internationales (IFRI).
« S’aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre mais regarder ensemble dans la même direction », précise Christophe Arend, le député français qui préside le groupe d’amitié franco-allemand à l’Assemblée nationale, à EURACTIV. Et d’ajouter que le couple « est conscient que, pour construire un avenir européen, il faut collaborer avec les autres partenaires européens ».
- « L’intérêt du couple franco-allemand dans la situation actuelle est qu’il est capable de faire une synthèse », la France étant « plutôt réceptive aux questions de l’Europe du Sud » et l’Allemagne à celles des « États dits frugaux [à savoir l’Autriche, le Danemark, les Pays-Bas et la Suède] ». Il est ainsi plus facile de garder à bord les pays d’Europe centrale comme la Pologne, souligne Paul Maurice.
Les ministères et les parlements des deux États ont une collaboration de longue date. Une Assemblée parlementaire franco-allemande a été créée en 2019 pour approfondir ces relations interinstitutionnelles.
- La coopération au niveau régional a également bien fonctionné au milieu de la pandémie de Covid-19, note Paul Maurice.
Les experts affirment qu’il y aura une continuité dans la mesure où M. Scholz n’est pas un « étranger ». En effet, il est le vice-chancelier de Mme Merkel, et l’héritage de cette dernière sera perpétué, soutient Sébastien Maillard.
Sans compter que M. Scholz est « un social-démocrate, plutôt issu de l’aile droite de son parti », ce qui le rend « plutôt rassurant » pour Paris, estime Paul Maurice. « C’est quelqu’un de pondéré, de mesuré », ajoute Sébastien Maillard.
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Toutefois, il pourrait y avoir des points de friction, sans parler du fait que M. Scholz sera à la tête d’une coalition tripartite dont les négociations doivent encore être conclues.
Tout d’abord, il y a la question de la responsabilité fiscale, qui se pose depuis un certain temps déjà. Alors que la France fait pression pour une réforme du pacte de stabilité et de croissance, l’Allemagne a toujours été réticente à l’idée d’autoriser une plus grande flexibilité fiscale.
Le désaccord ne porterait pas tant sur la nécessité d’une plus grande autonomie stratégique, mais plutôt sur la forme qu’elle prendrait, notamment en ce qui concerne les forces militaires.
- « Nous avons des cultures stratégiques complètement différentes », explique Paul Maurice tandis que Sébastien Maillard se rappelle que « ce fut un grand choc en Allemagne lorsque Hollande a décidé d’intervenir au Mali [en janvier 2013] sans que le Parlement soit réuni automatiquement ».
>> Cet article est disponible sur le site de Euractiv <<
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