Mines de charbon, plus grande éolienne du monde : où en est la Chine de sa « transition » écologique ?
Alors que va bientôt s’ouvrir la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, le chercheur Thibaud Voïta fait le point sur la trajectoire énergétique chinoise, à laquelle le monde est suspendu.
La Chine est-elle en train de passer son pic d’émissions de gaz à effet de serre ? C’est la thèse de quelques sinologues qui se fondent sur des statistiques encore trop fraîches pour être définitives. Depuis le milieu des années 2000, la Chine est devenue le pays le plus émetteur de CO₂ (sans rattraper la responsabilité historique de l’Europe et des Etats-Unis). Cette bascule serait une bonne nouvelle, toutefois très relative : les émissions restent élevées. Encore très consommatrice de charbon, la Chine – qui s’appuie sur le concept de « civilisation écologique » – aime vanter ses investissements massifs dans les renouvelables et la voiture électrique. Que penser de ce discours ? Nous avons posé la question au chercheur Thibaud Voïta, spécialiste de la trajectoire énergétique chinoise.
En 2020, Xi Jinping a annoncé que son pays passerait le pic des émissions réchauffantes au plus tard en 2030 et atteindrait la neutralité carbone en 2060. Sommes-nous sur la voie de cet objectif ?
C’est très difficile à dire. Certains experts pensent que la Chine a atteint son pic l’année dernière. Ses émissions de CO₂ ont très légèrement diminué au cours du deuxième trimestre 2024. C’est la première baisse depuis la pandémie de Covid-19. Il faudra encore attendre un peu pour savoir si cette tendance se confirme. Si c’est le cas, c’est bien sûr une bonne nouvelle – la Chine est responsable de 80 % de la croissance des émissions de CO₂ sur la dernière décennie –, mais il faudra la relativiser : les projections prévoient plutôt un long plateau à peine déclinant des énergies fossiles en Chine. Atteindre la neutralité carbone en 2060 sera un tour de force. Et le Groupe d’Experts intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (Giec) insiste sur le fait que pour rester en dessous de +1,5 °C, cette neutralité devrait être atteinte en 2050, soit dix ans avant la date annoncée.
L’Agence internationale de l’Energie (AIE) souligne que la Chine mène la danse des énergies renouvelables tout en restant le pays le plus émetteur au monde. Comment expliquer cette double réalité ?
C’est le paradoxe, ou l’apparent paradoxe, chinois. Selon l’indicateur que l’on regarde, on peut alimenter les thèses les plus optimistes comme les plus pessimistes. La croissance des renouvelables est fulgurante. Le pays a atteint en juillet dernier, avec six ans d’avance, l’objectif de développement éolien et solaire qu’il s’était fixé pour 2030 ! Mais dans le même temps, et c’est l’autre face de la médaille, la Chine a ouvert de nouvelles centrales à charbon en 2023 (presque l’équivalent en puissance du parc nucléaire français), sa consommation de gaz naturel est en plein essor, et les fossiles représentent encore 82 % de son énergie. On pourrait résumer ce paradoxe en citant ces deux articles que j’ai lus dans ma revue de presse ce matin : la Chine est le principal émetteur du gaz HFC-23 dont le potentiel réchauffant est 14 800 fois supérieur au CO₂, mais elle est aussi désormais le pays qui héberge la plus grande éolienne au monde.
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> Lire l'interview dans son intégralité sur le site du Nouvel Obs
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