Moscou ou Kiev : qui a tué le blogueur russe ?
Le président russe Vladimir Poutine vient d'annoncer qu'il remettait la médaille du courage, à titre posthume, au blogueur Maxime Fomine. Ce dernier a été tué, le 02 avril 2023, à Saint-Pétersbourg. Julien Arnaud et Ruth Elkrief reçoivent Amélie Ferey et Valéria Faure-Muntian pour revenir sur cet attentat.
Est-ce que ce n'est pas Prigojine lui-même qui a été visé [dans cet attentat] ?
"C'est difficile à dire, moi je serais un peu plus prudente, tempère Amélie Ferey. Les États qui conduisent des éliminations - on peut par exemple penser aux éliminations des scientifiques qui travaillent sur le programme nucléaire iranien - ne les revendiquent pas en général, parce que justement ils ne veulent pas s'exposer à un risque d'escalade. Mais cela ne veut pas dire que le message n'est pas clair derrière."
"Par ailleurs, la lecture par les intérêts n'est pas toujours pertinente parce qu'il y a toujours un effet d'opportunité, c'est-à-dire qu'on peut avoir un contact qui permet un attentat dans un groupe qui peut-être n'est pas central dans le dispositif russe, mais [...] c'est toujours bien de le frapper [car] cela montre dans l'optique où ce serait les Ukrainiens qu'on peut frapper à l'intérieur du territoire russe", explique Amélie Ferey.
Donc cela peut être un message pour Prigojine aussi donc ?
"Exactement. Après on peut aussi avoir le cas où on a la manipulation d'un groupe extremiste ou alors d'un groupe mafieux par différents États, ce qui s'appelle des opérations sous fausse bannière.Donc [dans ce cas] on a une chaîne de plusieurs commanditaires", dit-elle.
"Ce que cela montre pour moi, en étant toujours prudente, ce serait le contexte instable politiquement en Russie avec justement les effets de cette guerre en Ukraine à la fois sur une recomposition du paysage politique russe [...] et que le climat d'ordre à l'intérieur de la Russie pour des personnes qui sont proches du pouvoir n'est plus assuré", analyse Amélie Ferey.
Sur la prise annoncée de Bakhmout par Wagner, un épisode de plus dans les relations houleuses entre Prigojine et Sergueï Choïgu ?
"Oui tout à fait. Surtout que l'idée ici pour Wagner est vraiment de prouver son efficacité opérationnelle dans un contexte où ils étaient remis en cause [...]. Utiliser le symbole de la mairie est un symbole qui ne correspond à rien et cette insistance sur le sens légal, ça veut bien dire que sur le terrain lui-même reconnaît qu'il n'a pas de souveraineté sur la ville", répond la chercheuse.
"Dans ce cadre là, cette gesticulation qui vise à montrer qu'il y a quand même des progrès sur le terrain sert les intérêts du pouvoir russe. Il faut quand même bien se rendre compte qu'on est dans un contexte [...] où il va y avoir normalement une contre-offensive de la part des Ukrainiens avec du matériel militaire occidental, mais que cela reste très compliqué pour les Ukrainiens de reprendre ce terrain parce qu'ils ont besoin d'à peu près dix brigades pour contrôler le territoire [...], de l'autre côté il y a Wagner et derrière les forces russes qui sont dans du grignotage extrêmement coûteux en vies humaines.", poursuit Amélie Ferey.
> Retrouver l'intégralité de l'émission sur LCI.
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