Navalny, Ukraine... Pourquoi le torchon brûle autant entre Poutine et les Occidentaux
Les sources de tensions entre les dirigeants occidentaux et le chef du Kremlin s'accumulent à un rythme inquiétant ces dernières semaines. Explications.
Inquiétudes sur la santé de Navalny, tensions militaires à la frontière avec l'Ukraine, crise diplomatique avec la République tchèque... Les lignes de fractures s'accentuent dangereusement ces derniers jours entre Vladimir Poutine et ses homologues occidentaux. Alexeï Navalny doit avoir un "accès immédiat" à des médecins dans lesquels "il a confiance", a ainsi exigé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell à l'issue de la rencontre des 27 ministres des Affaires étrangères.
Une crise qui s'ajoute aux précédentes tensions sur la situation à la frontière russo- ukrainienne, où Moscou a déployé ces dernières semaines des dizaines de milliers de soldats. Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du centre Russie à l'Institut français des relations internationales (IFRI), estime :
Les tensions actuelles - que ce soit autour de Navalny ou en Ukraine - résultent des divergences profondes et anciennes dans chacun de ces dossiers entre la Russie et les pays occidentaux. Les désaccords n'ayant jamais vraiment été résolus, les crises réapparaissent à la moindre occasion.
Pour ne rien arranger, un nouveau front s'est aussi ouvert samedi avec la décision de la République tchèque d'expulser 18 diplomates russes, impliqués selon elle dans le sabotage d'un dépôt de munitions en 2014. Une décision à laquelle Moscou a répliqué le lendemain en expulsant à son tour 20 employés de l'ambassade tchèque en Russie. Plus globalement, le ton s'est aussi durci à Washington vis-à-vis de Vladimir Poutine depuis la prise de fonctions de Joe Biden. Le président démocrate a notamment annoncé jeudi dernier une série de sanctions financières contre la Russie, ainsi que l'expulsion de dix diplomates russes.
Tatania Kastouéva-Jean souligne :
Ce durcissement contre la Russie était prévisible avec la victoire de Joe Biden. Il avait annoncé dès la campagne électorale qu'il allait être plus offensif que son prédécesseur sur des dossiers comme le respect des droits de l'homme.
Dès dimanche, Washington a ainsi annoncé "des conséquences" si Alexeï Navalny venait à mourir. En parallèle, le président démocrate a toutefois veillé à ne pas fermer la porte à son homologue russe, en lui proposant la semaine dernière un sommet russo-américain pour engager "la désescalade".
Tatiana Kastouéva-Jean décrypte :
Il joue simultanément la carotte et le bâton pour signifier à Vladimir Poutine les deux voies qui s'ouvrent à lui en fonction des actions qu'ils il prendra : soit l'ouverture, soit la fermeté.
Sans confirmer l'organisation de l'événement, la diplomatie russe a indiqué vendredi percevoir "de manière positive" la proposition américaine. Reste maintenant à voir laquelle de ces deux voies choisira le chef du Kremlin. Ce lundi, les autorités carcérales ont décidé de transférer Alexeï Navalny dans une unité médicale, tout en jugeant son état de santé "satisfaisant".
Tatiana Kastouéva-Jean juge :
La Russie se positionne sur le même créneau que les pays occidentaux en donnant à la fois des gages d'ouverture et de fermeté. Mais dans le fond, Vladimir Poutine veut garder les mains libres et n'hésitera pas à défendre ses intérêts de manière agressive.
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