"Patriarcal", "brutal"… Quand les féministes ciblent le nucléaire (et oublient Marie Curie)
Certaines féministes établissent un lien entre nucléaire et cause des femmes. Au risque de sombrer dans l’essentialisation et de réaffirmer certains stéréotypes.
On connaissait les reproches faits au nucléaire sur le plan écologique, les fantasmes qui l’entourent, sa mauvaise réputation… Mais à l’heure où un rapport parlementaire étrille la gestion de la politique énergétique en France, pointant notamment la baisse de production du parc nucléaire depuis quinze ans, certains trouvent le moyen d’élargir la palette des critiques à opposer à cette énergie décarbonée. Ainsi le nucléaire serait-il patriarcal ! Si l’assertion peut prêter à sourire, c’est pourtant ce que laissait entendre une émission intitulée "Femmes et nucléaire : et toujours le poing levé !" diffusée le 30 mars par le programme scientifique de France Inter (La Terre au carré).
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Intersectionnalité
Bien sûr, chaque société draine sa propre sociologie, et avec elle son lot de conséquences différenciées – ce qui ne signifie pas nécessairement "inégalités". Dans les îles Marshall (Japon), où la terre est transmise de mère à enfant, les femmes déplacées de leur terre après avoir été exposées aux essais nucléaires américains se sont vu refuser le droit d’exercer leurs droits culturels en tant que gardiennes de la terre dans la société. Mais comme le mentionne un rapport de l’Unidir (Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement), les hommes marshalliens ont quant à eux "subi les conséquences des restrictions imposées à la pêche et à la cueillette de nourriture à la suite des essais nucléaires, ce qui a porté atteinte à leur rôle traditionnel de pourvoyeur de nourriture pour leur famille et a eu un impact sur leur statut économique, ainsi que sur leur perception de leur valeur personnelle".
"La question des inégalités liées au nucléaire ne doit pas tant être posée sous un angle féministe qu’intersectionnel", explique Héloïse Fayet, chercheuse au Centre des études de sécurité de l’Ifri et coordinatrice du programme dissuasion et prolifération.
"Si l’on considère les risques pour une population irradiée en ne se fondant que sur des critères masculins, on passera à côté de troubles liés à d’autres facteurs, tel le sexe féminin. Mais ce constat est aussi valable d’un point de vue ethnique, social, ou encore en fonction de l’âge et ne concerne pas que les femmes", ajoute-t-elle.
> Retrouver l'intégralité de l'article sur le site de L'Express.
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