Pétrole : l’OPEP et ses alliés veulent maintenir la pression sur les prix et ouvrent leurs portes au Brésil
Le cartel n’est pas parvenu à prendre une décision commune, mais plusieurs pays, en particulier l’Arabie saoudite et la Russie, ont maintenu ou accentué leurs restrictions de production jusqu’en mars 2024, afin de faire remonter le cours du baril. Sans effet pour l’instant.
Quatre jours auront été nécessaires pour passer outre aux dissensions, du moins en public. Après le report de la réunion du dimanche 26 novembre, les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), Arabie saoudite en tête, et leurs alliés, en particulier la Russie, se sont finalement donné rendez-vous, jeudi 30 novembre.
De cette réunion ministérielle en visioconférence, il ressort que l’alliance informelle, dite « OPEP+ », conserve le même cap. Pour maintenir sous tension les prix de l’or noir et, partant, garantir ses revenus, elle entend continuer à restreindre une partie de sa production pétrolière. Cette fois, au moins jusqu’à la fin de mars 2024.
L’Arabie saoudite retire ainsi du marché, depuis juillet, 1 million de barils par jour et prolongera cette mesure au premier trimestre de 2024. La Russie prévoit désormais 500 000 barils en moins à compter du 1er janvier, et non plus 300 000, comme c’est le cas aujourd’hui. Dans une moindre mesure, d’autres pays annoncent des efforts supplémentaires (Irak, Emirats arabes unis, Koweït, Kazakhstan, Algérie et Oman). De quoi porter, selon le cartel, les objectifs de coupes à environ 2,2 millions de barils quotidiens.
Intérêts parfois « divergents »
Dans l’immédiat, les déclarations sont loin de provoquer l’effet escompté sur le marché. Au lieu de repartir à la hausse, les prix du brut se sont plutôt contractés, le 30 novembre à la clôture. Soit une baisse de 0,32 % pour le brent de mer du Nord : le baril a fini la journée à près de 83 dollars (76 euros) pour une livraison en janvier. Et un repli de 2,44 % pour la référence américaine, le West Texas Intermediate, à près de 76 dollars (70 euros).
Cette réaction peut s’expliquer en partie par la relative désunion du cartel. « Le groupe n’est pas parvenu à s’entendre sur une stratégie à l’unanimité et a dû s’en remettre à des réductions volontaires unilatérales », souligne Jorge Leon, analyste pour le cabinet norvégien Rystad Energy.
Parmi les treize Etats membres de l’OPEP et leurs dix alliés, certains ont préféré se tenir à l’écart des coupes, notamment l’Angola et le Nigeria, selon l’Agence France-Presse. « Chaque pays voudrait que les autres réduisent leur production sans avoir à réduire la sienne », résume Giacomo Luciani, conseiller scientifique à l’Ecole d’affaires internationales de Sciences Po Paris. D’où des intérêts parfois « divergents », rappelle-t-il, et des discussions compliquées.
« Les gouvernements ont besoin de maximiser leurs revenus, à l’heure où certains veulent engager de nouvelles dépenses, notamment dans l’armement », rappelle Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du Centre énergie et climat de l’Institut français des relations internationales. Ce qui implique, pour chacun d’eux, de préserver un certain équilibre : s’ils annonçaient des objectifs de coupe encore plus substantiels, « ils prendraient le risque de perdre des parts de marché », observe-t-il.
[..]
> A lire en intégralité sur le Monde
Média
Partager