Philippines : « avec Duterte, on risque un potentiel coup d’État militaire »
Les Philippins viennent d’élire l’avocat populiste Rodrigo Duterte à la présidence. Analyse en trois questions à Sophie Boisseau du Rocher, chercheur associée au Centre Asie de l’Ifri.
Comment expliquer la victoire écrasante de Rodrigo Duterte aux Philippines ?
Sophie Boisseau du Rocher : Je vois deux raisons principales à cette victoire. Rodrigo Duterte a très bien su manipuler les médias. Durant toute la campagne c’est lui qui a occupé l’espace publique avec des effets d’annonce très bien gérés. c’est lui qui a donné le tempo à cette campagne présidentielle en évitant les sujets qui fâchaient pour focaliser l’opinion publique sur l’insécurité, la corruption et la lutte contre l’oligarchie traditionnelle. Autant de sujets auxquels l’opinion publique philippine est très sensible. Et il a ainsi pris la tête dans les sondages et remporter la victoire.
Je vois une seconde raison, plus profonde, à cette victoire : il y a aux Philippines une profonde fatigue démocratique et en dépit des promesses faites par la classe politique il n’y a pas eu d’évolution depuis 50 ans. On est aujourd’hui au cœur d’une grande fatigue qui a favorisé ce vote extrême.
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