Pour s’affranchir de la Chine, les Européens misent sur le magnésium roumain
C'est un métal très utilisé pour fabriquer de l'aluminium : le magnésium. Pour la première fois depuis 2014, il va être à nouveau extrait du sol européen. Un enjeu crucial pour le Vieux Continent.
Sur la scène internationale, le magnésium pèse peu. Seulement 1 million de tonnes sont extraites chaque année des sols. Pourtant, il est crucial pour fabriquer de l'aluminium et de nombreux alliages. En la matière, un acteur se détache : la Chine. Le pays fournit plus de 90% de tout le magnésium mondial.
Alors forcément, quand, en 2022, Pékin a temporairement fermé 35 de ses 50 fonderies de magnésium pour baisser sa consommation énergétique, les marchés se sont emballés. Beaucoup d'industriels craignaient même l'épuisement des stocks. Une inquiétude partagée à Bruxelles, qui importe la quasi-totalité de ce métal de Chine. Les dernières usines norvégiennes et françaises ont fermé au début des années 2000. Il a donc fallu réagir et tenter de retrouver une souveraineté européenne en la matière.
C'est désormais chose faite. La semaine dernière, le groupe minier Verde Magnesium a annoncé injecter 1 milliard de dollars dans une mine en Roumanie. Derrière ce financement se cache un investisseur américain, Amerocap. Le gouvernement a donné son feu vert pour la réouverture de ce complexe, fermé depuis dix ans. Le lancement de la production est attendu pour 2027.
« Les mines européennes sont plus responsables »
À elle seule, la mine pourrait couvrir la moitié des besoins de l'Union européenne en magnésium, soit 90 000 tonnes par an. « C'est un enjeu d'importance », confie Didier Julienne, président de Commodities & Resources, « cela signifie que l’on peut rouvrir d’anciennes mines en Europe et qu’elles seront rentables grâce à de nouvelles technologies et des énergies renouvelables », poursuit-il.
Reste une question : quel impact cette mine va-t-elle avoir sur l'environnement ?
Pour Raphaël Danino-Perraud, chercheur associé à l'Ifri, « les mines européennes sont plus responsables que les mines chinoises ou africaines ». Même si l'expert l'assure, « respecter les standards environnementaux coûte plus cher, cela permet de représenter le coût environnemental dans le coût global, c’est cela également la transition écologique ». D'autant qu'actuellement, l'UE exporte sa pollution en Chine ou en Afrique, où les conditions de production sont parfois opaques.
> Lire l'interview/écouter le podcast sur le site de RFI.
Média
Partager