Qui est l'État Islamique en Afghanistan ?
Ce groupe a revendiqué l'attaque à l'aéroport de Kaboul qui tué 85 personnes, dont 13 militaires américains. Onze jours après la chute de Kaboul aux mains des talibans, les attaques terroristes se poursuivent. Aux abords de l'aéroport, dans le chaos causé par les évacuations, un kamikaze s'est faufilé le 26 août.
L'explosion de son gilet a causé la mort de 85 personnes, dont 13 militaires afghans. En cause : l'État islamique province du Khorasan.
- «Le terme de Khorasan désigne, dans la mythologie arabe et musulmane traditionnelle, une zone à l'est de la Mésopotamie, couvrant l'est de l'Iran, l'Asie centrale, l'Afghanistan et une partie de Pakistan. C'est sur cette zone que l'État islamique est actif.», décrypte Elie Tenenbaum, chercheur à l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI). «Le groupe s'est implanté à partir de 2015 avec des Afghans partis combattre en Syrie contre Bachar Al-Assad», rappelle-t-il.
«L'État islamique a pu s'implanter grâce à des déçus des talibans, et des transfuges du réseau Haqqani», abonde Wassim Nasr, journaliste à France 24, spécialiste des mouvements djihadistes.
Actif en Afghanistan depuis 2015
Le réseau Haqqani est un groupe armé taliban «longtemps indépendant et basé au Waziristan dans les zones tribales du Pakistan qui s'est toujours illustré par son professionnalisme, son rigorisme idéologique et ses connexions internationales», note Elie Tenenbaum. Grâce à ce réseau, de nombreuses compétences ont pu être acquises par l'État islamique en Afghanistan.
Dès 2015, le groupe acquiert une assise territoriale dans deux provinces de l'est afghan : Kundar et Nangarhar. «Très vite, les talibans ont vu le risque d'être phagocyté par l'État Islamique et l'ont combattu en parallèle des forces afghanes soutenues par les États-Unis», poursuit Wassim Nasr. En 2019, les troupes gouvernementales assurent avoir défait l'État Islamique dans ces provinces, lui enlevant son emprise. Néanmoins, son pouvoir de nuisance demeure, notamment dans les villes. En cause : son recrutement «plus jeune, plus éduqué, plus urbanisé, plus sensibilisé aux enjeux internationaux» que les talibans, assure Elie Tenebaum.
Les deux mouvances s'opposent rapidement. Pour plusieurs raisons, l'État islamique accusant les talibans de «ne pas être suffisamment doctes sur le plan religieux, ou rigoureux dans l'application de la charia, continue Elie Tennbaum, mais aussi la volonté de négocier un accord de paix avec les États-Unis, de négocier des ralliements avec une partie des forces de l'armée afghane». De plus, Al-Qaida, groupe rival de l'État islamique, a prêté allégeance à l'émir des talibans. «Ils ont exporté leur opposition à Al-Qaida, née en zone syrienne », abonde le chercheur de l'IFRI. Pis encore, les talibans ont assuré vouloir combattre l'État islamique dans l'accord signé avec les États-Unis. «Et en prime, ils acceptent des instances internationales que l'État islamique ne reconnaît pas parce qu'elles sont considérées comme impies », ajoute Wassim Nasr. Enfin, comme le rappelle Elie Tenenbaum les « talibans ont vocation à incarner l'État avec le monopole de la légitimité politique et d'usage de la violence », ce qui interdit l'existence de mouvements fondamentalistes armés pouvant concurrence leur autorité.
«L'Etat islamique est un petit groupe de zélotes qui réalisent des attaques spectaculaire»
Pour autant, l'ampleur des mouvements n'est comparable. «Ce n'est pas le même ordre de grandeur, l'État islamique est un petit groupe de zélotes qui réalisent des attaques spectaculaires, mais qui ne tient pas de terrain, sauf dans certains maquis», explique le chercheur de l'IFRI. Selon le dernier rapport des Nations unies en juillet, le groupe a formé des cellules dormantes, notamment à Kaboul et au Pakistan et dénombre entre 500 et quelques milliers de combattants. «Il faut être prudent sur les chiffres. Dans ce type de réseaux, il y a un noyau dur de combattants permanents mais aussi des sympathisants, des soutiens et des réservistes», nuance Elie Tenenbaum.
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