Russie / Tadjikistan : l'alliance militaire OTSC pourrait-elle intervenir en Ukraine ?
Le mardi 28 juin, Vladimir Poutine s'est rendu au Tadjikistan, son premier déplacement depuis le début de la guerre en Ukraine.
Douchanbé faisant partie de l'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), alliance militaire dont la Russie est un membre clé, peut-on voir dans la visite du chef de l'État russe au Tadjikistan, une réponse à la réunion de l'OTAN qui a lieu au même moment à Madrid ?
Je ne pense pas qu'il faille voir dans cette rencontre une réponse au sommet otanien qui a lieu à Madrid. L'OTAN s'est regroupée en masse à Madrid, alors qu'ici, on assiste à un entretien bilatéral. À mon avis, l'objet de ce déplacement était d'obtenir des précisions par rapport à la stratégie mise en œuvre par le Tadjikistan afin d'assurer sa sécurité face à l'Afghanistan. Cela, car on voit que, depuis quelques semaines, le Tadjikistan se rapproche très fortement des États-Unis : les Américains ont annoncé des plans d'aide militaire à hauteur de plusieurs dizaines de millions de dollars pour sécuriser la frontière avec l'Afghanistan, ils ont promis l'envoi de drones. Je crois que Vladimir Poutine a voulu rappeler à son homologue tadjikistanais que son partenaire stratégique, ce ne sont pas les États-Unis, mais bien la Russie.
La Russie pourrait-elle mobiliser les pays membres de l'alliance militaire pour intervenir en Ukraine ?
Je ne pense pas. Aujourd'hui, l'OTSC, c'est une alliance militaire défensive, qui n'a vocation à répondre qu'aux menaces venant de l'étranger et pesant sur la sécurité du territoire de ses États membres. Ce n'est pas une force de projection à l'international. Pour autant, en fin d'année dernière à Douchanbé, les six États membres de l'OTSC ont signé un protocole, qui propose l'introduction dans ses statuts de la notion "d'État coordinateur", qui ouvrirait, théoriquement, le droit de mobiliser l'OTSC sur des théâtres d'opération extérieurs dans le cadre de missions de maintien de la paix. Et on a vu qu'en mars, la Russie a ratifié ce texte. Aujourd'hui, c'est la seule à avoir ratifié ce protocole de Douchanbé, donc il y a une évolution qui est mise en œuvre du côté de la Russie, mais qui n'a pas été suivie par les autres pays membres de l'alliance militaire.
Michaël Levystone, chercheur spécialiste de l'Asie centrale au Centre Russie/NEI de l'Ifri, revient sur les enjeux de la visite de Vladimir Poutine au Tadjikistan, mais également sur la possibilité d'une intervention de l'OTSC en Ukraine.
> L'émission en intégralité sur RFI.
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