La crise ukrainienne est une crise européenne d’abord parce que l’Ukraine et la Russie se revendiquent de l’Europe, historique et géographique. Elle témoigne sans doute moins d’une volonté impériale de Moscou de reconquérir les territoires soviétiques perdus, que d’une coexistence mal organisée entre grands acteurs européen.
Les représentations géopolitiques réoccupent le devant de la scène, fantasmes et réalités à la fois. Moscou voit depuis plus de 20 ans un dynamique système euro-atlantique se rapprocher de ses frontières : système où lui est proposée une place marginale, ou qu’elle juge humiliante. Inversement, l’étrangeté russe (sociale, politique, culturelle même), les cahotements de la « transition », confortent nombre de représentations occidentales dans l’idée qu’un retour de menace est proche – désordre ou agressivité -, et qu’il faut donc contingenter cette Russie, l’enclaver, la maintenir ailleurs.