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Semi-conducteurs : les enjeux d'une guerre technologique mondiale

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cité par Antonin Marsac dans

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Avoir le nez fin et voir à long terme. Deux qualités qui permettent de se hisser au sommet du monde. C’est ce qu’a fait Taïwan en investissant massivement, il y a plus de trente ans, dans l’industrie des semi-conducteurs.

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Ces éléments indispensables (et actuellement en pénurie à cause de la forte demande) dans toute la microélectronique actuelle. Une mainmise qui a révélé les tensions avec son voisin chinois mais qui a également permis de lui résister. L’île, à peine plus grande que la Belgique mais située au coeur de l’Asie “technologique” – entre la Chine, la Corée du Sud et le Japon – a donc compris très tôt l’intérêt de cette industrie, contrairement à d’autres qui ont préféré sous-traiter à bas coûts. Jusqu’à rendre le monde entier dépendant non pas à une ressource naturelle, mais à un savoir-faire.

Même si la Chine débourse de fortes sommes pour débaucher les ingénieurs taïwanais, TSMC possède environ 30 % des parts du marché mondial au niveau des puces. Et si on ne retrouve pas le groupe taïwanais dans les statistiques des plus gros exportateurs de puces, c’est trompeur. Il est de fait le plus gros acteur dans la “fonderie” (environ 60 % de la production mondiale), soit le processus industriel de création des supports de base (“substrats ABF”) et des semi-conducteurs utilisés par les autres fabricants, comme Samsung, Qualcomm, etc. “C’est un savoir-faire de l’ordre du nanomètre qui remet en question les équilibres mondiaux”, ironise Marc Julienne, chercheur à l’Ifri (Institut français des relations internationales). “La Chine veut être la première puissance mondiale d’ici 2049 et la première puissance technologique d’ici 2035 mais certains domaines nécessitent des décennies de développement. Elle en est consciente mais reste dépendante de Taïwan”, poursuit-il. “Asus, Acer… les marques taïwanaises se sont imposées dans l’informatique et fournissent le monde entier. Le pays, tout petit, a poussé son éducation dans le domaine, contrairement aux vieilles démocraties occidentales qui ont une appétence technologique moins forte”, ajoute-t-il.

 

Si la Chine a réussi à développer des relations commerciales avec de nombreux pays, en particulier en Afrique et en Amérique latine, elle a montré qu’elle pouvait faire usage de l’étranglement économique en cas de confrontation. Elle a réussi à se rendre incontournable, mais “elle a également commencé à se mettre beaucoup de monde à dos. Elle s’oppose aux États-Unis de manière beaucoup plus directe que par le passé. Elle n’hésite pas à utiliser l’arme commerciale et les relations se sont dégradées avec Taïwan depuis 2016 et l’arrivée de Tsai Ing-wen au pouvoir, qui est une démocrate. Plus la Chine montre les muscles, plus elle provoque des réactions”, renchérit Marc Julienne, qui estime que le géant chinois est certes puissant mais joue un jeu relativement dangereux. Rappelons que la Chine caresse aussi le rêve de mettre la main sur Taïwan (ou République de Chine) depuis des années. Outre l’aspect historique de leurs relations, faire “sauter” Taïwan lui permettrait de s’extirper de la mer de Chine méridionale où beaucoup de puissances locales se partagent les zones maritimes. La Chine pourrait alors accéder plus facilement au Pacifique. “Ce qui pourrait être une avancée majeure pour la dissuasion nucléaire pour la Chine”, simplifie-t-il.

 

> Retrouver l'article en intégralité sur le site de La Libre Belgique.

 

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Marc JULIENNE

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Directeur du Centre Asie de l'Ifri
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