Tchad : la contestation des résultats de la présidentielle "n'a aucune chance d'aboutir"
Le général Mahamat Idriss Déby Itno a été déclaré jeudi vainqueur de la présidentielle, trois ans après avoir pris le pouvoir à la tête d'une junte militaire, mais son Premier ministre Succès Masra, battu, lui conteste cette victoire. Thierry Vircoulon, chercheur associé au Centre Afrique subsaharienne de l'Ifri, analyse les chances que la contestation de l'opposition aboutisse, alors que les observateurs craignent des violences dans les rues de N'Djamena.
La proclamation rapide des résultats de l'élection présidentielle au Tchad s'explique par le fait que le pouvoir a probablement voulut prendre de vitesse Succès Masra. Il y avait eu un engouement assez fort lors des derniers jours de la campagne électorale autour de sa candidature.Le pouvoir a probablement eu peur que Succès Masra annonce sa victoire : ils ont donc précipité l'annonce des résultats alors que la commission électorale avait dit elle-même que la compilation des résultats des différents bureaux de vote prendrait au moins une semaine.
La contestation des résultats n'a aucune chance d'aboutir au niveau du Conseil constitutionnel car l'ensemble du système électoral est verrouillé par le pouvoir. Les membres de la commission électorale ont été nommés par le pouvoir, tout comme ceux du Conseil constitutionnel. On va cependant voir si le deuxième tour ne se joue pas dans la rue et s'il n'y a pas, à un moment, une confrontation violente entre les partisans de Succès Masra et les forces de sécurité.
Les forces armées sont complètement derrière le général Mahamat Idriss Déby Itno car le Tchad est un régime militaire depuis très longtemps. C'est en réalité l'armée qui, derrière les différents présidents qui se sont succédé, est au pouvoir au Tchad. C'est elle qui aurait beaucoup à perdre si un civil comme Succès Masra devenait président.
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Invité :
Thierry Vircoulon est chercheur associé et coordinateur de l'Observatoire de l'Afrique centrale et australe au Centre Afrique subsaharienne de l'Ifri.
> Retrouvez l'interview en intégralité sur le site de France 24.
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