Technologies propres : le constat d’un défaut de stratégie industrielle européenne
Mario Draghi consacre dans son rapport un chapitre entier à l’enjeu majeur pour l’avenir de l’UE de la production des éoliennes, batteries, panneaux solaires et autres pompes à chaleur. Et le tableau se révèle plutôt sombre.
L’Europe peut-elle concilier décarbonation et réindustrialisation ? Un sujet vital pour son avenir. Dans son rapport sur la compétitivité, remis le 9 septembre à la Commission européenne, Mario Draghi, l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), prend la mesure de l’enjeu en consacrant un chapitre entier aux possibilités de lancer ou relancer la fabrication de « technologies propres » (« clean tech ») sur le Vieux Continent – l’appellation inclut ici panneaux solaires, éoliennes, batteries pour véhicules électriques, pompes à chaleur, électrolyseurs pour de l’hydrogène décarboné, mais pas le nucléaire. Et le tableau se révèle plutôt sombre.
L’Europe a beau rester un terrain d’innovation – elle développe plus d’un cinquième de ces technologies dans le monde –, son industrie accuse aujourd’hui un sévère retard lorsqu’il s’agit de les fabriquer et de les commercialiser à grande échelle. L’Union européenne (UE) « dépend de plus en plus des importations pour satisfaire sa demande croissante », résume le rapport.
L’Europe avait pris de l’avance au début des années 2000, mais la Chine l’a désormais largement dépassée. C’est incontestable dans le solaire, pour les modules, cellules et plaquettes de silicium – déjà 75 %, 85 % et 97 % du marché mondial en 2021.
Absence de stratégie
Dans certains domaines, la bataille n’est pas encore perdue. L’éolien en mer affiche toujours une balance commerciale positive, même si les parts européennes dans le marché mondial sont passées de 58 % en 2017 à 30 % en 2022. L’Europe dispose aussi d’une avance technologique dans les électrolyseurs, même si la fabrication de ces derniers nécessite au moins 40 matières premières, extraites aujourd’hui quasi intégralement hors d’Europe.
M. Draghi reproche aux Vingt-Sept une « absence de stratégie industrielle ». Notamment par rapport à la Chine, aux Etats-Unis, voire à l’Inde, qui n’ont pas hésité à ériger des « barrières commerciales » protégeant leur industrie nationale.
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Il y a beaucoup d’argent, mais il est dispersé
Pour ne rien arranger, peu d’investissements publics, au niveau de l’UE, sont directement tournés vers la fabrication de « technologies propres ». Pour la période allant de 2021 à 2027, une majorité est surtout destinée au déploiement de ces technologies (124 milliards d’euros), puis au secteur de la recherche et du développement (36 milliards). Très loin devant l’installation de sites de production (8 milliards).
« Il y a beaucoup d’argent en Europe, mais il est dispersé. Cet argent est plus difficilement identifiable ou mobilisable qu’aux Etats-Unis [dans le cadre de l’Inflation Reduction Act, loi votée en 2022], et donc moins lisible et moins efficace pour les entreprises », commente Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du Centre énergie et climat de l’Institut français des relations internationales (IFRI).
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