Ukraine : mais à quoi joue Poutine ?
Au lendemain de l’annonce d’un retrait "partiel" de ses troupes massées à la frontière ukrainienne, Moscou a ordonné, ce mercredi, la fin des manœuvres militaires et le départ de certaines de ses forces de la péninsule ukrainienne annexée de Crimée.
La télévision russe a également montré des images nocturnes d’un train avec des blindés à son bord traversant le pont qui enjambe le détroit de Kertch, bâti par la Russie pour relier la Crimée au territoire russe. "Nous avons toujours dit qu’après l’achèvement des exercices (…) les troupes retourneraient dans leur garnison d’origine. C’est ce qui se passe actuellement", a déclaré aux journalistes le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. Ce dernier a également dénoncé "l’hystérie" occidentale qui prêtait à Moscou des intentions belliqueuses.
Mais ces déclarations laissent les Occidentaux sceptiques. D’autant que "sur le terrain à ce stade" "aucune désescalade" n’est constatée par l’Otan. "Au contraire, il apparaît que la Russie continue de renforcer sa présence militaire (…). La Russie peut encore envahir l’Ukraine sans préavis, les capacités sont en place", avec plus de 100 000 soldats a expliqué aujourd’hui le secrétaire général de l’organisation, Jens Stoltenberg, au début d’une réunion avec les ministres de la défense de l’Alliance à Bruxelles.
Parallèlement, un nouveau levier de pression du Kremlin a été actionné par les députés russes. La Douma a appelé mardi à reconnaître l'indépendance des territoires ukrainiens pro-russes, la république populaire de Donetsk et celle de Lougansk. Si Vladimir Poutine appliquait la proposition des députés, il mettrait de facto fin aux accords de paix de Minsk qui prévoient à terme le retour de ces territoires sous le contrôle de Kiev.
Enfin on a appris qu’une cyberattaque avait frappé hier plusieurs banques en Ukraine ainsi que les sites de l’armée et du ministère de la Défense. Kiev attribue l’attaque à Moscou qui a démenti toute implication.
Que se passe-t-il réellement à la frontière ukrainienne ? La cyberattaque subie par l’Ukraine est-elle le signe avant-coureur d’une offensive ? Nombre d’experts rappellent qu’une attaque informatique d’ampleur visant les infrastructures stratégiques ukrainiennes afin de désorganiser les autorités est un des scénarios envisagés avant une offensive militaire classique. Alors à Kharkiv, la deuxième plus grande ville ukrainienne, située à seulement 40 kilomètres de la Russie, on continue à se préparer à l’éventualité d’une attaque russe.
Invités :
- Frédéric Encel, docteur en géopolitique, maître de conférences à Sciences Po Paris et à la Paris School of Business et auteur de "Les 100 mots de la guerre"
- Alain Bauer, professeur de criminologie – CNAM. Il a écrit "Encyclopédie des espionnes et des espions"
- Tatiana Kastouéva-Jean, chercheuse, directrice du Centre Russie à l’IFRI (Institut Français des Relations Internationales) et auteure de "100 questions sur la Russie de Poutine"
- Laurence Nardon, chercheuse, responsable du programme "Amérique du Nord" à l’IFRI
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