Ventes d’armes : l’Europe avait envisagé la menace russe
Dans un rapport publié lundi 14 mars, l’institut suédois Sipri souligne une nette augmentation des importations d’armes en Europe, la région du monde où la hausse est la plus forte ces dernières années. Un réarmement encore accéléré par l’offensive russe en Ukraine.
L’Europe est le continent où les importations d’armes ont le plus augmenté ces cinq dernières années, affirme l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), chiffres à l’appui, dans son dernier rapport publié lundi 14 mars. Si le texte indique que "l’Asie et l’Océanie sont restées les principales régions importatrices d’armes majeures" (en volumes), Pieter Wezeman, chercheur au Sipri, note que "la détérioration sévère des relations entre la plupart des États européens et la Russie a été un important facteur dans l’augmentation des importations d’armes en Europe". Celles-ci ont bondi de 19 % sur la période 2017-2021.
Pour Léo Péria-Peigné, chercheur de l’Institut français des relations internationales (Ifri), cette hausse s’explique notamment par un réinvestissement dans le domaine militaire et un effort de modernisation des armées européennes.
- "Toute une partie de l’armement datant de l’époque de la guerre froide est aujourd’hui âgée et doit être remplacée. C’est notamment le cas dans l’aviation, avec les achats d’avions de combat F-35 dont se dotent de nombreux pays européens", estime le chercheur.
Premiers importateurs européens d’armes, le Royaume-Uni, la Norvège et les Pays-Bas sont aussi les principaux acheteurs côté européen du F-35 américain : les Britanniques en ont commandé 138 exemplaires, les Norvégiens 52 et les Néerlandais 37.
Ces données sur les importations dressent un tableau incomplet de l’effort de réarmement européen.
- "Beaucoup de pays d’Europe ont leur propre industrie de défense, l’importation se fait souvent sur des éléments assez précis", rappelle Léo Péria-Peigné. Par exemple, le Royaume-Uni importe des dizaines de moteurs diesel fabriqués en Allemagne par MTU (filiale de l’entreprise britannique Rolls-Royce) pour équiper ses frégates militaires fabriquées sur son propre sol.
Les industries nationales de défense suffisent parfois à répondre aux demandes des armées.
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- "Lors du conflit au Haut-Karabakh, les Azéris ont utilisé des drones pour observer et attaquer les positions et colonnes arméniennes à une échelle encore jamais vue. Les Occidentaux ont pris conscience du manque de protection de leurs armées face à ces armes “nouvelles”. Cela va sans doute engendrer une volonté de remise à niveau", analyse Léo Péria-Peigné.
La France, qui a une vision très axée sur les opérations militaires extérieures, devrait aussi revoir sa stratégie.
Selon le chercheur, "la question d’un conflit continental de haute intensité face à une grande puissance et non pas face à une guérilla se repose. Ces réflexions, qui remontent à un ou deux ans, sont aujourd’hui renforcées par la guerre en Ukraine." Pour cet expert, "l’armée française n’est pas en état", pour le moment, de faire face à un tel conflit.
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