Vladimir Poutine, la guerre du froid et de l'eau ? Les déboires de l'armée russe
Cela fait plus de huit mois que la Russie a envahi l'Ukraine. Les soldats mais aussi la population sont affectés par la guerre. Côté Ukrainiens, il faut faire face à des coupures d'électricité, d'eau et de chauffage. Côté Russes, l'armée semble mal préparée et angoissée.
Le chef d'Etat-major américain Mark Milley a annoncé au moins 100 000 morts et blessés russes. Un nombre similaire pour les Ukrainiens, ainsi que 40 000 civils ukrainiens. Au total cela représente environ 250 000 pertes depuis le 24 février.
L'armée Russe patine
Dans son allocution de jeudi, Volodymyr Zelenski affirmait qu’au moins 41 localités du sud du pays ont été libérées. "Comme à l'est de notre pays, dans la région de Kharkiv. Comme avant, au nord, dans les régions de Kiev, Sumy et Tchernigiv. Maintenant, ce sont les régions de Mykolaiv et de Kherson." Début avril, l'armée avait d’abord dû renoncer à son offensive sur la capitale Kiev en repliant ses troupes pour les concentrer sur la prise du Donbass. En septembre, elle a été chassée de la région de Kharkiv par une attaque surprise ukrainienne, très bien conduite. Et maintenant elle doit se retirer de Kherson, face à la pression d’une contre-offensive entamée le 29 août. Quant à l’objectif principal de l’armée russe, la conquête totale du Donbass, il n’est toujours pas atteint, les lignes ayant peu bougé depuis fin juin-début juillet avec la prise de l'agglomération de Sievierodonetsk-Lyssytchansk.
Une population Russe angoissée par la guerre
Fin septembre, Vladimir Poutine annonçait la mobilisation de centaines de milliers de réservistes. Dès lors, le conflit est entré dans le quotidien de nombreuses familles où son impact a été minimisé par le Kremlin. Depuis l'annonce de la mobilisation, des millions de Russes se disent "angoissés" ou "inquiets" de la situation autour de l'Ukraine, alors que les dépenses pour les antidépresseurs ont bondi de 70% selon l'Institut de sondage FOM, favorable au Kremlin. Outre le choc provoqué par la mobilisation, l'enlisement du conflit et des déclarations de plus en plus alarmistes de Moscou agitant la menace nucléaire stressent également les Russes. Outre le choc provoqué par la mobilisation, l'enlisement du conflit et des déclarations de plus en plus alarmistes de Moscou agitant la menace nucléaire stressent également les Russes.
Faire face à la "terreur énergétique"
Les Ukrainiens se préparent à un hiver froid car les températures peuvent descendre à -20 °C dans les terres. L’objectif de la Russie est clair : plonger l’Ukraine dans le noir et dans le froid, ce qui aura bien évidemment des conséquences sur la population, mais aussi sur l'armée, qui a elle aussi besoin d'énergie pour se chauffer, s'éclairer et poursuivre les combats. Vendredi 5 novembre, les États-Unis ont accusé la Russie de vouloir faire "geler" la population ukrainienne cet hiver faute de pouvoir l’emporter sur le champ de bataille.
Pour ce faire, l'armée russe intensifie ses bombardements des infrastructures civiles (centrales, stations électriques, réseau de chauffage urbain, stations d’eau, les équipements télécommunications... Le but : atteindre physiquement et psychologiquement la population. Selon Volodymyr Zelenski 30 à 40 % des structures énergétiques de l’Ukraine sont touchées aujourd’hui et plus d'un millier de communes sont privées d'électricité. 30% des centrales électriques ont été détruites.
Pour parer au froid, des plans de sobriété énergétiques ont été mis en place dans plusieurs grandes villes, notamment à Kiev, pour permettre aux infrastructures essentielles de continuer à fonctionner. De nombreuses communes s'organisent aussi pour s'approvisionner en poêle à bois, en bois et en charbon, pour permettre aux populations de continuer à avoir des points où se réchauffer dans leurs villes.
Avec
- Christine Ockrent, journaliste et productrice de l'émission "Affaires étrangères" sur France Culture.
- Thomas Gomart, historien des relations internationales, directeur de l’Institut français des relations internationales (Ifri).
- Hubert Védrine, diplomate, ancien ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Jospin et ancien secrétaire général de la présidence de la République sous François Mitterrand.
- Anne-Lorraine Bujon, directrice de la rédaction de la revue Esprit.
> Réécouter l'émission sur le site de France Culture
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