Xi Jinping , l’hyperpuissant
Après dix ans de règne, le chef du parti et président jouit d’une mainmise absolue sur la Chine. Une concentration des pouvoirs que le congrès du PCC, qui début dimanche, devrait confirmer.
Il est des adoubements qui valent soumission. Lorsque le 20e Congrès du PCC investira Xi Jinping pour un troisième mandat de secrétaire général, cette semaine à Pékin, le parti marxiste régnant sans partage sur la Chine depuis 1949 achèvera de remettre son destin aux mains d’un seul homme. Ce sera la deuxième fois de son histoire centenaire.
Mise au pas de l’appareil politique, culte du chef et machine étatique au garde-à-vous; aucun dirigeant chinois n’avait à ce point concentré les leviers du pouvoir depuis Mao Zedong. «Il est désormais bien plus puissant que ses prédécesseurs», confirme David Dollar, sinologue à la Brookings Institution, un des plus importants think tanks américains.
« Attendre son heure »
Avant lui, Deng Xiaoping, qui succède au «Grand Timonier» en 1978, hérite d’un pays en ruine et instaure une forme de collégialité dans la direction du PCC. Pendant trois décennies, le parti voit éclore des courants et impose de strictes limites d’âge à ses dirigeants, eux-mêmes issus de subtils équilibres politiques. La Chine s’apaise, s’éveille, s’industrialise à marche forcée et accède au rang de deuxième puissance mondiale. En 2012, Xi Jinping, un discret cacique à la silhouette bonhomme, est désigné par le parti pour occuper la fonction suprême. Il va faire voler en éclats l’héritage politique de Deng Xiaoping.
« Cacher ses talents et attendre son heure. » L’adage, attribué à un empereur de la dynastie Tang, pourrait résumer la vie de Xi Jinping. Fils d’un dignitaire communiste proche de Mao Zedong, ce «prince rouge» a dédié sa vie au PCC et en a gravi tous les échelons. Sans faire de vagues.
Après avoir dirigé deux importantes provinces côtières, il est coopté au Comité permanent du parti en 2007. Désormais membre du saint des saints de l’appareil politique chinois, Xi Jinping continue à manœuvrer en direction du sommet. Aidé par la chute de son rival Bo Xilai dans une spectaculaire affaire mêlant meurtre et corruption, il accède au poste de secrétaire général en novembre 2012.
La purge
Si la Chine continue son irrésistible ascension, le PCC est, à l’époque, gangrené par une corruption endémique. Sa légitimité parmi la population chinoise vacille. Xi Jinping va alors faire le grand ménage.
« Il a mené une véritable purge, en attaquant des postes réputés inattaquables et en remplaçant au passage ses rivaux par des fidèles », raconte Marc Julienne, chercheur et spécialiste de la Chine à l’Institut français des relations internationales. « Au début de son deuxième mandat, en 2017, ce travail porte ses fruits. Les hautes instances du PCC lui sont beaucoup plus favorables.»
Solidement arrimé aux rênes de l’État chinois, Xi Jinping va alors passer à la vitesse supérieure.
[...]
Incertitude
Le bilan, justement, pèche par plusieurs aspects. En proie à une violente crise immobilière, un déclin démographique et une agressivité croissante sur le plan diplomatique, la Chine, désormais livrée au bon vouloir de son président, aborde une phase incertaine de son histoire.
«Cette concentration des pouvoirs aura des conséquences négatives sur les investisseurs étrangers, qui ont déjà perdu leur confiance dans l’économie chinoise, mais aussi pour les libertés publiques et sur la scène internationale, où la Chine pourrait devenir imprévisible. Notamment à l’égard de Taïwan», redoute Marc Julienne.
Xi Jinping, qui se fait chaque jour plus idéologue que pragmatique, semble déterminé à reprendre l’île rebelle. Selon le directeur adjoint du renseignement américain, cité par la chaîne d’information CNN en septembre, le président chinois aurait ordonné à son armée d’avoir la capacité de reprendre Taïwan par la force d’ici à 2027.
Président à vie
[...]
«Il a mené une véritable purge, en attaquant des postes réputés inattaquables.» Marc Julienne, chercheur et spécialiste de la Chine à l’Institut français des relations internationales
> Retrouvez l'article dans son intégralité sur le site de la Tribune de Genève.
Média
Partager