Conceptualiser les classes moyennes dans un Etat développementiste : discours et attentes en Éthiopie.
La notion de « classe moyenne » a été de plus en plus utilisée depuis les années 2010 pour identifier les changements sociaux survenus dans les pays africains, y compris en Éthiopie. Cependant, cette catégorie elle-même est difficile à définir et a été retenue pour décrire des dynamiques socio-économiques très diverses.
Cet article présente une manière originale de considérer la « classe moyenne », en se focalisant sur ce que cette catégorie est supposée générer pour les différents acteurs qui l'utilisent. Nous défendons l'idée que le débat sur la composition sociale de la « classe moyenne » ne peut être poursuivi sans déconstruire et discuter auparavant le pourquoi, le comment et le par qui cette catégorie est utilisée. Puisque la notion de classe moyenne reste subjective et est créée localement dans tous les pays, notre recherche se concentre sur les différents points de vue et discours employés par des acteurs externes et internes et sur les implications politiques de telles définitions dans le contexte de l'Éthiopie. En analysant à la fois les discours internationaux et les points de vue des dirigeants éthiopiens, nous démontrons qu'une fluidité de la notion de « classe moyenne » existe profondément ancrée et interprétée dans des contextes institutionnels, idéologiques, et sociaux spécifiques, et qu'elle sert en même temps des ambitions politiques et économiques. A cet égard, le cas de l'Éthiopie révèle à quel point des acteurs divergents ont favorisé cette même catégorie avec de grandes différences dans leurs interprétations et leurs attentes. Nous soutenons donc que le concept de « classe moyenne » reste utile sur le plan analytique si celui-ci n'est pas considéré comme une catégorie objective mais plutôt comme étant une catégorie politiquement construite.
L’article est disponible en anglais sur le site de African Affairs
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesLa Haute Autorité à la consolidation de la paix (HACP) au Niger 2011-2023. Placer l’État au cœur de la prévention et de la gestion des conflits
Comme les autres pays sahéliens, le Niger est touché par le terrorisme depuis maintenant presque deux décennies. Ce phénomène a mis en lumière à la fois les limites des appareils sécuritaires de ces pays mais également, de manière plus profonde, leur incapacité à offrir une stabilité aux populations de certaines parties de leur territoire. D’une certaine manière ces « insurrections djihadisées » s’inscrivent dans la continuité de groupes qui, régulièrement prennent les armes contre les États centraux.
Le président spirituel du Kenya et la création d'une nouvelle république : William-Ruto, les évangéliques du Kenya et les mobilisations religieuses dans la politique électorale africaine
Au cours des deux dernières décennies, un nouveau paradigme est apparu en Afrique de l’Est et dans la Corne de l’Afrique : l’influence croissante des églises évangéliques et de leurs dirigeants dans les dynamiques électorales. La croissance numérique et démographique de ces mouvements religieux semble aller de pair avec leur rôle de plus en plus marqué dans la vie politique de ces deux régions, une présence qui a un impact sur les processus électoraux, mais aussi sur les sociétés et les formes que prend la gouvernance.
Turquie-Afrique : une Pax Ottomana entre l’Éthiopie et la Somalie ?
Avec plusieurs objectifs en vue, dont celui de devenir un acteur diplomatique incontournable sur la scène régionale et internationale, Ankara tente de rapprocher Hargeisa et Addis Abeba qui s’opposent sur un accord entre ce dernier et le Somaliland. Si la troisième réunion prévue mi-septembre a été repoussée, l’initiative a permis de préserver un canal de discussion... Et les nombreux intérêts turcs dans la région.
Tchad : de Déby à Déby. Les recettes d’une succession dynastique réussie (2021-2024)
Comme au Togo et au Gabon, la transition qui a eu lieu au Tchad de 2021 à 2024 a abouti à une succession dynastique. Mahamat Idriss Déby a succédé à son père Idriss Déby Itno, qui fut président du Tchad de 1996 à 2021. Alors que la majorité des Tchadiens espéraient une alternance et un changement de gouvernance, le « système Déby » est parvenu à se maintenir.