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L'opinion publique française sur la Chine à l'ère du COVID-19 : la méfiance politique l'emporte sur les opportunités économiques

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Les principaux résultats du sondage mené en France sur un échantillon représentatif sont développés dans le présent rapport : « L’opinion publique française sur la Chine à l'ère du COVID-19 : la méfiance politique l'emporte sur les opportunités économiques », uniquement disponible en anglais.  

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Dans le cadre du projet de recherche Sinophone Borderlands – Interaction at the Edges de l’université Palacky d’Olomouc en République tchèque, une vaste étude sur les opinions publiques à l’égard de la Chine a été réalisée dans 13 pays européens, en septembre et octobre 2020. Les principaux résultats de cette étude ont été publiés dans le rapport “European public opinion on China in the age of COVID-19 : Differences and common ground across the continent”, mis en ligne le 16 novembre.

 

Dans l’ensemble, l’opinion publique française a une perception négative de la Chine avec 62 % des sondés exprimant un sentiment négatif ou très négatif, et seulement 16 % ayant une perception positive. Pour la majorité de l’échantillon (53 %), cette vision négative a empiré ces dernières années

La Chine figure à la deuxième place des pays les moins bien perçus en France, après la Corée du Nord, et devant la Russie, Israël et les Etats-Unis. A l’inverse, les sondés affichent un sentiment très favorable à l’égard de l’Allemagne, du Japon et du Royaume Uni, ainsi que de Hong Kong et du Vietnam. 

Le rapport révèle un consensus transpartisan à l'égard de la Chine dans l'opinion publique française. La Chine n'engendre pas de clivage politique important dans la société.

L’un des résultats significatifs du rapport est l'absence de relation entre le sentiment des sondés à l’égard de la Chine et leur orientation politique. Ainsi, on observe qu’en France, le sentiment négatif envers la Chine est largement consensuel et transpartisan. Les opinions négatives cumulées sont comprises entre 58 % et 69 % quel que soit le parti politique. Symétriquement, les opinions positives varient entre 13 % et 19 %, à l’exception des électeurs Les Républicains dont l’opinion positive de la Chine atteint 23 %. 

Cette vision consensuelle est confirmée si l’on croise l’opinion publique à l’égard de la Chine avec les résultats du deuxième tour de l’élection présidentielle de 2017. La perception négative de la Chine atteint 64 % chez les électeurs d’Emmanuel Macron, et 63 % chez ceux de Marine Le Pen. 

L'opinion publique française est bien plus sensible aux enjeux politiques liés à la Chine qu'aux questions économiques. Les sondés estiment que l'Union européenne est de première importance pour le développement économique de la France, devant les Etats-Unis, puis la Chine.

Un autre résultat majeur mis en valeur dans l’étude est la sensibilité de l’opinion publique française aux enjeux politiques, bien plus qu’aux relations économiques. Les sondés expriment une opinion négative à l’égard du commerce et des investissements liés à la Chine et du projet des Nouvelles routes de la soie. Le commerce et les investissements arrivent d'ailleurs en dernière position des priorités de politique étrangère avec la Chine exprimées par les sondés, une singularité de la France en comparaison avec les autres pays étudiés

Ainsi, c’est la dimension politique qui semble générer les sentiments négatifs à l’égard de la Chine en France. L’opinion publique française exprime un avis négatif vis-à-vis de l’impact de la Chine sur l’environnement, sa puissance militaire et son influence sur les démocraties. Par conséquent, la méfiance à l’égard de la République populaire atteint 66 % en France, légèrement supérieure à celle vis-à-vis de la Russie (65 %). En matière de politique étrangère à l’égard de la Chine, les sondés privilégient la réponse aux risques cyber, la coopération sur des enjeux globaux tels que le changement climatique, les épidémies et le contre-terrorisme, et la promotion des droits de l’Homme et des réformes démocratiques

Les Français ne se montrent pas particulièrement préoccupés par un expansionnisme géopolitique de la Chine ou par sa puissance militaire, et ils ne perçoivent pas la relation économique comme un péril. En revanche, la cyber-sécurité, la coopération sur les enjeux globaux et la promotion des droits de l'Homme sont considérés comme des priorités dans le dialogue avec Pékin.

La question des droits de l’Homme est particulièrement importante aux yeux de l’opinion publique française : plus de 74 % des sondés évaluant la situation en Chine entre « plutôt mauvaise » et « très mauvaise ». Un tiers des personnes interrogées estime que la situation des droits de l’Homme en Chine très mauvaise. Elle est même perçue comme la pire comparée à l’Union européenne (UE), les Etats-Unis et la Russie. 

Sur la question de la 5G, à mi-chemin entre les considérations économiques et politiques, 56 % des sondés sont favorables au recours aux entreprises européennes et 38 % sont favorables aux entreprises japonaises. Seulement 25 % sont favorables aux fournisseurs chinois. 

Enfin, concernant la crise du COVID-19, la majorité des sondés pense que le virus est passé naturellement de l’animal à l’Homme (38 %) ou qu’il s’est répandu du fait que les Chinois mangent des chauves-souris et des animaux sauvages (34 %). On note qu’une part significative des sondés (28 %) pense que le COVID-19 a été artificiellement fabriqué dans un laboratoire chinois et diffusé intentionnellement. Très peu de personnes (7 %) estiment que l’image de la Chine s’est améliorée durant la crise, mais 30 % pensent qu’elle a bénéficié économiquement de la crise.

 

Pour toute information sur le rapport, contacter Marc Julienne, chercheur responsable des activités Chine à l'Ifri : [email protected]

 

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Marc JULIENNE

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Directeur du Centre Asie de l'Ifri
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L’Asie est le théâtre d’enjeux multiples, économiques, politiques et de sécurité. Le Centre Asie de l'Ifri vise à éclairer ces réalités et aider à la prise de décision par des recherches approfondies et le développement d’une plateforme de dialogue permanent autour de ces enjeux.

Le Centre Asie structure sa recherche autour de deux grands axes : les relations des grandes puissances asiatiques avec le reste du monde et les dynamiques internes des économies et sociétés asiatiques. Les activités du Centre se concentrent sur la Chine, le Japon, l'Inde, Taïwan et l'Indo-Pacifique, mais couvrent également l'Asie du Sud-Est, la péninsule coréenne et l'Océanie.

Le Centre Asie entretient des relations institutionnelles suivies avec des instituts de recherche homologues en Europe et en Asie et ses chercheurs effectuent régulièrement des terrains dans la région.

Il organise à Paris tables-rondes fermées, séminaires d’experts, ainsi que divers événements publics, dont sa Conférence annuelle, avec la participation d’experts d’Asie, d’Europe ou des Etats-Unis. Les travaux des chercheurs du Centre et de leurs partenaires étrangers sont notamment publiés dans la collection électronique Asie.Visions.

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