L'oléoduc Bakou-Ceyhan : paradoxes et cohérence de la stratégie américaine des pipelines
Résumé
En dépit d’une compétitivité plus faible que les solutions russe ou iranienne, le projet d’oléoduc Bakou-Ceyhan a finalement été adopté, grâce au soutien des Etats-Unis. Washington s’est surtout impliqué en vue de préserver des intérêts géopolitiques bien définis: contenir la Russie, isoler l’Iran et promouvoir le rôle de la Turquie dans la région. Mais il semble que ce 'paradoxe économique' de la diplomatie américaine puisse aujourd’hui être levé. Malgré ses incertitudes stratégiques et financières, la voie turque est en effet soutenue par un consortium de compagnies, ce qui lui confère une rationalité économique, notamment dans la perspective d’une exportation du pétrole kazakh. D’Aktaou à Ceyhan, la route turque pourrait ainsi trouver sa viabilité commerciale et concilier les intérêts économiques et géopolitiques des Etats-Unis en Asie centrale et dans le Caucase.
Annie Jafalian est chargée de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), Paris.