Le Pentagone face à la séquestration et aux sorties de guerres : l'art du brouillard budgétaire ?
Le Pentagone fait face depuis 2010 à une réduction budgétaire liée à la fin des opérations militaires extérieures et à des conditions économiques difficiles. La polarisation des débats sur le déficit fédéral et le déclenchement de la "séquestration" compliquent considérablement l’analyse et rendent incertaine l’application de la Directive stratégique de janvier 2012. Plus largement, cette situation empêche le Pentagone de réfléchir sereinement à la définition du leadership militaire américain de demain.
Principale assise du colossal dispositif militaire national, le budget de défense des États-Unis est entré, en 2011, dans une phase de décroissance assez largement anticipée depuis la crise économique de 2008. Ce nouveau cycle baissier, le quatrième depuis la guerre de Corée, prend forme dans un contexte politique difficile, caractérisé par les retraits de deux guerres majeures (Irak et Afghanistan), ainsi que par un rapport de force plus tendu que d’habitude entre le Congrès et la Maison-Blanche. Le mode de résolution du déficit fédéral fait en effet aujourd’hui l’objet d’un désaccord profond entre les deux institutions, une situation qui soulève des inquiétudes, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, sur la capacité de Washington à répondre aux grands défis économiques et politico-stratégiques.
La combinaison d’une décélération des dépenses militaires, de la fin de deux guerres, d’une lecture pessimiste des relations internationales et d’une conjoncture politico-économique nationale crispée, conduit les autorités de défense à parler de « transition stratégique », une notion qui désigne la mise en œuvre par la puissance hégémonique d’un processus de renouvellement de sa posture internationale. Le budget du Pentagone se trouve au cœur de la réflexion sur ce repositionnement, puisqu’il détermine en grande partie les moyens et les limites de cette nouvelle orientation. Toutefois, sur le plan de la gestion des ressources disponibles, peu d’éléments précis émergent actuellement de l’épais brouillard budgétaire qui règne à Washington. La Directive stratégique dévoilée en janvier 2012, même si elle identifie plusieurs nouvelles priorités, ne clarifie pas de manière significative la méthode retenue pour atteindre les objectifs qui y sont fixés, dans un contexte financier dont l’évolution à court et moyen terme est incertaine. L’analyse du budget 2014 du département de la Défense (DoD) tend quant à elle à indiquer que l’administration cherche à développer un mode de gestion de la décroissance qui se démarque en plusieurs points des méthodes privilégiées lors des cycles précédents, mais qui, pour l’heure, est rendu caduc par les dispositions de la Loi de contrôle budgétaire.
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