Villes nouvelles, villes politiques. Diversification des acteurs et recentralisation du pouvoir étatique dans le cas de Diamniadio
La construction de villes nouvelles sur le continent africain est en vogue. Des pôles urbains multifonctionnels en passant par les écoquartiers, les images qui accompagnent l’annonce de ces projets promeuvent un futur urbain africain basé sur la modernité et la technologie.
Cette mode d’un urbanisme qui prétend faire table rase avec les approches préexistantes n’est pas propre aux pays africains, les gouvernements s’inspirent notamment des modèles nord-africains et asiatiques. Cependant, la promotion des villes nouvelles en Afrique s’inscrit dans le débat animé en cours depuis quelques années sur l’urbanisation rapide des pays du continent. La création de villes modernes, planifiées et correspondant aux standards urbanistiques des métropoles internationales est présentée comme un moyen pour éviter un développement urbain hasardeux, chaotique.
Cette étude propose une analyse critique de la politique des villes nouvelles en s’appuyant sur une étude empirique du nouveau pôle urbain de Diamniadio (PUD) au Sénégal. Deux arguments clés constituent la trame de fond de cette étude. Premièrement, l’analyse déconstruit le caractère ex nihilo de ces projets urbains et souligne que ceux-ci s’inscrivent dans des trajectoires de politiques publiques. Par sa position géoéconomique et stratégique, Diamniadio est au coeur des politiques d’aménagement territorial de la région dakaroise, depuis au moins la fin des années 1990. Deuxièmement, les villes nouvelles sont loin d’être des instruments d’urbanisme neutres et techniques, il s’agit plutôt d’un dispositif politique véhiculant des intérêts et stimulant des jeux de pouvoir. En délimitant les frontières du PUD, présenté comme l’empreinte politique du président Macky Sall, le gouvernement central récupère certains pouvoirs administratifs, notamment en termes d’aménagement et d’allocation du foncier. Par ailleurs, le PUD reflète une mise en compétition des acteurs privés et publics étrangers et une prise d’ampleur des acteurs émergents tels que la Turquie.
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