Le développement des hydrocarbures en Afrique de l’Est. Défis politiques et sécuritaires
L’Afrique de l’Est a le potentiel de connaître un boom gazier et d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) ces prochaines années grâce à plusieurs projets qui viennent d’être débloqués.
Le Mozambique a ainsi sanctionné deux projets totalisant plus de 15 millions de tonnes par an (Mt/an) de gaz liquéfié et un troisième devrait être lancé d’ici la fin 2019. Un premier Floating Liquefied Natual Gas plant (FLNG) d’ENI arrivera sur le marché en 2021-2022 et quatre autres trains de liquéfaction à terre dont deux de 6,44 Mt (Anadarko/Total) et deux de 7,6 Mt (ExxonMobil/ENI) seront disponibles vers 2023-2025. Or, avec les réserves en place, les sociétés impliquées tablent sur 50 voire 60 Mt/an par an d’ici à 2030. Ce volume permettra à ce pays d’Afrique de l’Est d’atteindre à moyen terme le quatrième rang mondial en matière de capacités d’exportation de GNL après les États-Unis, le Qatar et l’Australie. Quant à la Tanzanie, aucun développement ne devrait être sanctionné avant la fin 2019, dans le meilleur des cas.
Concernant le pétrole, aucun projet en Ouganda ni au Kenya n’a été formellement lancé. Aucune décision finale d’investissement ne devrait être prise avant 2020. En Ouganda, la relation entre les compagnies pétrolières et l’État reste très difficile, repoussant la mise en œuvre de développements.
Les découvertes pétrolières en Afrique de l’Est sont significatives à l’échelle régionale (jusqu’à 300 000 barils par jour potentiels, soit 0,3 % du total mondial actuel) mais leur développement est lié aux paramètres propres à chaque pays ayant des trajectoires politico-économiques différentes les unes des autres.
La gouvernance du secteur des hydrocarbures des pays où des découvertes ont été mises au jour (Ouganda, Kenya, Tanzanie et Mozambique) peine à se mettre en place car les fonctionnaires compétents dans ce domaine sont peu nombreux.
Les demandes maximisant le contrôle de l’État sur le secteur pétrolier – raffinerie en Ouganda ou utilisation de tribunaux d’arbitrage locaux en Tanzanie – sont de nature à freiner le développement des projets pétroliers alors même que ces pays ont besoin de revenus au plus vite afin de construire des infrastructures de base pour leurs populations et que la pression démographique est souvent très forte.
La politisation du secteur, comme en Ouganda et en Tanzanie, rend les projets encore plus complexes à financer. Au Kenya, c’est bien davantage des dynamiques locales et ethniques, dans la future région de production, qui compliquent leur développement.
Si les enjeux sécuritaires semblent largement circonscrits en Ouganda, ils représentent en revanche un sujet central au Kenya (Al Shebab), au Mozambique (Ansar al Sunna) et peut-être bientôt en Tanzanie avec la pénétration de mouvements islamiques dans la province où se seront implantés les trains de GNL.
La présence d’hydrocarbures dans les régions les plus défavorisées des pays pris en compte dans cette note – Ouganda/Lac Albert, Kenya/Turkana, Mozambique/Cabo Delgado, Tanzanie/Lindi-Mtwara, rend le développement pétrolier et gazier très complexe du fait des demandes sociales particulièrement fortes. Stress hydrique, mobilisation du foncier, partage des retombées économiques et financières, électricité sont autant d’enjeux conflictuels.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
Le développement des hydrocarbures en Afrique de l’Est. Défis politiques et sécuritaires
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesLa Haute Autorité à la consolidation de la paix (HACP) au Niger 2011-2023. Placer l’État au cœur de la prévention et de la gestion des conflits
Comme les autres pays sahéliens, le Niger est touché par le terrorisme depuis maintenant presque deux décennies. Ce phénomène a mis en lumière à la fois les limites des appareils sécuritaires de ces pays mais également, de manière plus profonde, leur incapacité à offrir une stabilité aux populations de certaines parties de leur territoire. D’une certaine manière ces « insurrections djihadisées » s’inscrivent dans la continuité de groupes qui, régulièrement prennent les armes contre les États centraux.
Le président spirituel du Kenya et la création d'une nouvelle république : William-Ruto, les évangéliques du Kenya et les mobilisations religieuses dans la politique électorale africaine
Au cours des deux dernières décennies, un nouveau paradigme est apparu en Afrique de l’Est et dans la Corne de l’Afrique : l’influence croissante des églises évangéliques et de leurs dirigeants dans les dynamiques électorales. La croissance numérique et démographique de ces mouvements religieux semble aller de pair avec leur rôle de plus en plus marqué dans la vie politique de ces deux régions, une présence qui a un impact sur les processus électoraux, mais aussi sur les sociétés et les formes que prend la gouvernance.
Turquie-Afrique : une Pax Ottomana entre l’Éthiopie et la Somalie ?
Avec plusieurs objectifs en vue, dont celui de devenir un acteur diplomatique incontournable sur la scène régionale et internationale, Ankara tente de rapprocher Hargeisa et Addis Abeba qui s’opposent sur un accord entre ce dernier et le Somaliland. Si la troisième réunion prévue mi-septembre a été repoussée, l’initiative a permis de préserver un canal de discussion... Et les nombreux intérêts turcs dans la région.
Tchad : de Déby à Déby. Les recettes d’une succession dynastique réussie (2021-2024)
Comme au Togo et au Gabon, la transition qui a eu lieu au Tchad de 2021 à 2024 a abouti à une succession dynastique. Mahamat Idriss Déby a succédé à son père Idriss Déby Itno, qui fut président du Tchad de 1996 à 2021. Alors que la majorité des Tchadiens espéraient une alternance et un changement de gouvernance, le « système Déby » est parvenu à se maintenir.