Le golfe Persique, une zone sous haute tension aux multiples intérêts
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Première région productrice de pétrole au monde, point de passage le plus emprunté par les bâtiments pétroliers
et théâtre d’une rivalité persistante entre l’Arabie saoudite et l’Iran, le golfe Persique est l’une des zones les plus tendues de la géopolitique actuelle.
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Pour assurer la liberté de navigation de plus de 30 000 navires commerciaux par an dans le détroit d’Ormuz, la France a été à l’initiative du lancement, en 2020, de l’opération Emasoh (European maritime awarness in the strait of Hormuz) - Agenor, dont elle assure l’état-major depuis sa base navale à Abou Dhabi.
Une nécessité dans une zone tendue
Cette opération militaire et sa composante diplomatique font le constat d’une insécurité grandissante dans le Golfe. La marine iranienne et ses Gardiens de la révolution n’hésitent pas à adopter des comportements inamicaux, voire hostiles, avec les bâtiments portant pavillon de nations que la république islamique considère comme ses ennemis. Un bâtiment de guerre américain avait ainsi été attaqué par un drone iranien en 2019. De même, au printemps 2023, deux tankers battant pavillon des îles Marshall et du Liberia ont été saisis par les forces navales des Gardiens de la révolution et seraient à ce jour toujours au port iranien de Bandar Abbas.
Le Golfe permet aussi à Téhéran d’alimenter en armes et en matériels ses relais d’influence dans la région, en particulier les Houthis au Yémen. Empêcher une escalade dans cette région est cependant crucial, tant elle est stratégique pour l’approvisionnement du reste du monde en hydrocarbures, notamment depuis le début de la guerre en Ukraine et l’arrêt de la fourniture en gaz russe. Plus de 90 % des exportations des pays du Conseil de coopération du Golfe à destination de l’Union européenne passent ainsi par la mer.
Un levier d'influence pour la France
La crise actuelle au Proche-Orient entre Israël et le Hamas l’illustre également du fait d’un risque de contamination au reste de la zone, y compris au travers d’attaques de relais d’influence iraniens sur des intérêts occidentaux : des initiatives de désescalade et de réassurance comme Emasoh sont donc indispensables, mais doivent être soigneusement calibrées.
Outre l’accès aux ressources énergétiques, la Franceade nombreux intérêts dans la région, que sert cette présence navale continue et crédible. Aux côtés de huit autres pays européens (Allemagne, Belgique, Danemark, Grèce, Italie, Norvège, Portugal et Pays-Bas), la Marine nationale est le premier contributeur en termes d’hommes et de moyens pour cette opération.
Plus consensuelle que son pendant américain, l’International maritime security construct, Emasoh se distingue par une escorte de certains bâtiments identifiés comme sensibles et qui pourraient faire l’objet d’une attention des acteurs hostiles dans la zone. Sur 400 identifiés chaque jour, une dizaine peuvent bénéficier d’une escorte maritime par frégate ou moyens aériens, rassurant les armateurs.
Cette présence aéromaritime, notamment au travers du déploiement d’un Atlantique 2 (ATL2), permet aussi de recueillir du renseignement sur la zone et de conduire des opérations nationales, par exemple de saisie de drogues ou d’armements illégaux. Enfin, les multiples déploiements de la Martine nationale sont l’occasion d’effectuer des entraînements avec la marine des Émirats arabes unis, renforçant ainsi la coopération entre les deux pays, tenus par un accord de défense.
Un succès européen à élargir
Cette opération présente un réel potentiel pour que l’Union européenne gagne en crédibilité comme acteur sécuritaire dans la région. Sur la base du volontariat des marines européennes, elle est aussi un cadre d’entraînement et d’accroissement de l’interopérabilité, bien que les contributions soient très inégales en fonction du volume et de la compétence militaire des marines impliquées. En dehors de la France, de la Belgique, de l’Italie et de la Grèce, le soutien se limite souvent à une présence dans l’état-major, mais qui démontre tout de même un intérêt pour ce type d’opérations.
On peut ainsi dresser un parallèle avec l’opération Atalante, autre opération européenne, tournée vers la lutte contre la piraterie au large de la Somalie. Du fait de la circulation des flux autour de la péninsule arabique, de la Méditerranée orientale à l’océan Indien en passant par la mer Rouge et Bab-el-Mandeb, une fusion de ces deux opérations pourrait apparaître pertinente afin d’aborder la région dans sa globalité et de traiter l’ensemble des problématiques ayant un impact sur l’Europe.
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