Libre-échange, climat, OMS… Face aux frasques de Trump, la Chine de Xi joue les bons élèves
Avec sa politique étrangère disruptive, Donald Trump bat en brèche les coopérations internationales établies. Une opportunité pour la Chine, qui cherche à s'affirmer comme un acteur responsable et une figure de stabilité.
A peine investi, Donald Trump sème le trouble sur la scène internationale. Le milliardaire s'est empressé de signer en public une rafale de décrets destinés à frapper les esprits, et acter le début d'« America First », sa politique américano-centrée disruptive. Exit donc l'accord de Paris sur le climat et l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ces « arnaques unilatérales et injustes » qui « dépouillent » les Etats-Unis. Bonjour la guerre commerciale et la hausse des droits de douane.
Une aubaine pour la Chine, qui s'est dite « préoccupée » par ces retraits, car cette politique de rupture est l'occasion de s'affirmer comme le pays de la stabilité et de la coopération internationale. Une attitude de « good cop », de « bon flic » en français, déjà adoptée lorsque Donald Trump s'en prenait aux institutions et accords mondiaux au cours de son premier mandat.
Comme en 2017, Pékin cherche aujourd'hui « à capitaliser sur le désengagement américain des organisations et accords internationaux, afin de se présenter comme un acteur responsable et prévisible des relations internationales », analyse Marc Julienne, directeur du Centre Asie de l'Institut français des relations internationales (Ifri).
Le défi commun du changement climatique
« Les Etats-Unis ne saboteront pas leurs propres industries pendant que la Chine pollue en toute impunité », a déclaré Donald Trump pour justifier sa décision de quitter l'accord de Paris. « Le changement climatique est un défi commun auquel est confronté l'ensemble de l'humanité, et aucun pays ne peut rester insensible ou résoudre le problème tout seul », lui a répondu du tac au tac Guo Jiakun, porte-parole de la diplomatie chinoise.
Un sermon écologique que Pékin - plus gros émetteur de gaz à effet de serre au monde mais aussi leader en matière d'installations de capacités de production d'énergies renouvelables - portait déjà au cours du premier mandat de Trump. La Chine était alors restée attachée à l'accord de Paris et n'avait pas renié ses objectifs de long terme : atteindre son pic d'émissions de CO2 en 2030 et parvenir à la neutralité carbone en 2060.
Pour « la santé de l'humanité »
La Chine fustige également le retrait des Etats-Unis de l'OMS, à laquelle Washington contribuerait plus que Pékin, selon Donald Trump. Mais pour la diplomatie chinoise, ces comptes d'apothicaire n'auraient pas leur place concernant les questions sanitaires.
« Le rôle de l'OMS doit être renforcé, pas affaibli », a ainsi affirmé Guo Jiakun. « La Chine, comme elle l'a toujours fait, soutiendra l'OMS dans la réalisation de ses missions » pour promouvoir « la santé de l'humanité », a-t-il ajouté.
« Pas de vainqueur dans les guerres commerciales »
Une stratégie de conciliation et de dialogue entreprise par Pékin qui pourrait bien payer. Dans son discours inaugural du Forum de Davos, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a assuré que l'UE était prête à « tendre la main » à la Chine et « approfondir » sa relation avec Pékin.
« L'Europe continuera à prôner la coopération, pas seulement avec nos amis de longue date, qui partagent nos valeurs, mais aussi avec tous les pays avec qui nous avons des intérêts communs », a-t-elle déclaré. Une idée également défendue par le vice-Premier ministre chinois, Ding Xuexiang, aussi présent à Davos.
Dans son discours, il a défendu le multilatéralisme, appelant à « résoudre les disputes et les différends par le dialogue ». « Le protectionnisme ne mène nulle part, et il n'y a pas de vainqueur dans les guerres commerciales », a-t-il notamment martelé, plaidant pour une coopération avec Washington.
> Retrouver l'article sur le site des Echos.
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